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vendredi 19 avril 2024

Le triomphal retrait aérien d’Afghanistan

Ceux qui aux Etats-Unis et hors d’eux s’attendaient à un aveu de défaite en Afghanistan face aux Talibans, après deux décennies d’occupation, du moins à une reconnaissance de la part de Joe Biden que les opérations de rembarquement ne se recommanderaient pas par leur parfaite organisation, en auront été pour leurs frais. Le président américain, dont les adresses à la nation ont scandé le retrait, ce qui en soi peut difficilement passer pour une marque de sérénité, non seulement n’a eu aucun mot de contrition, mais a poussé une espèce de cri d’admiration devant l’exploit réalisé par l’armée américaine, qui avait à cette occasion mené à son terme la plus massive retraite par voie aérienne de l’histoire de la guerre. Des retraites par d’autres voies, terrestres ou maritimes, il n’en a certes pas manqué pas depuis que le monde est monde et que les hommes se font la guerre. A lui seul d’ailleurs, le vocable de retrait ou de retraite, ne véhicule nulle idée de victoire, mais plutôt celle de défaite déjà subie et qu’on s’efforce par ce moyen de ne pas laisser muer en une débâcle totale et infâme. Il n’en comporte pas non plus si on précise qu’il s’est effectué par voie terrestre ou maritime, ou même par les deux à la fois. Mais de s’être accompli par les airs le transforme en plus qu’une victoire, en un triomphe, s’il faut en croire le président américain.

L’armée américaine est la seule à pouvoir quitter un champ de bataille par les airs, premier point. Ce coup de force n’est dans les cordes ni de l’armée chinoise ni de l’armée russe, ni même probablement dans les deux réunies, deuxième point. Conclusion : ce dont ni les Russes ni les Chinois ne sont capables est nécessairement lié à la victoire, en aucun cas à la défaite. Or ce n’est pas en l’occurrence la seule victoire remportée par l’armée américaine. Il y en a au moins une deuxième. Celle qu’elle a remportée sur elle-même en s’obligeant à quitter l’Afghanistan, ce cimetière des empires, alors qu’elle avait les moyens de faire l’autre choix, celui de rester, et de repousser l’offensive talibane. Les Talibans, au moment de mon arrivée au pouvoir, a expliqué Biden,
s’étaient déjà emparé de la moitié du pays. Le piège pour la première armée au monde, c’était de se faire un point d’honneur de leur reprendre d’abord cette moitié, avant de plier bagage, quitte ensuite à leur laisser le pays dans sa totalité. Ce piège, lui-même a fait en sorte qu’il ne se referme pas sur les Etats-Unis. Un autre que lui à la tête des Etats-Unis, son prédécesseur par exemple, y serait sûrement tombé lui. Et ce serait parti au bas mot pour une troisième décennie en Afghanistan. Cette fois-ci pour le plus grand plaisir des Russes et des Chinois. C’est justement là que prend place la troisième des trois victoires en quoi s’est monnayé le retrait aérien. C’en est une en effet que d’avoir frustré nos ennemis les plus dangereux de la victoire qu’aurait été pour eux notre enlisement en Afghanistan. Un pays d’où à l’évidence ne pourrait partir nulle attaque sur notre sol. Et pour cause, nous avons décimé al-Qaïda, notre véritable objectif en envahissant l’Afghanistan. Les forces que nous y aurions gardées, ou que nous n’aurions pu retirer, c’était autant de forces qui nous auraient manqué face à la vraie menace d’aujourd’hui, celle des Russes et des Chinois.

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