Avec moins de 6 000 nouveaux cas, il y a deux jours, la Tunisie a déploré plus de 300 décès, un ordre de grandeur qui en Afrique n’a été jusqu’à présent enregistré, mais également largement dépassé, qu’en Afrique du Sud, depuis le début le pays le plus atteint par la pandémie sur le continent. Pour autant, ce chiffre effarant, de 317 exactement, peut ne pas être le total des seuls décès pour la seule journée du 24 juillet, mais englober quelques-uns de ceux survenus antérieurement mais non enregistrés alors. Plus d’une centaine de décès toutes les 24 heures constitue probablement la moyenne quotidienne caractéristique de la flambée sévissant pour l’heure en Tunisie. Si tel était le cas, les décès rapportés dans les 24 heures à venir devraient retomber à leur niveau en quelque sorte naturel, quelque part entre 100 et 120. N’empêche, la brusque détérioration de la situation en Tunisie n’est pas sans susciter la crainte qu’elle ne se reproduise dans des termes somme toute comparables sur toute la rive sud de la Méditerranée. Et donc également en Algérie, elle-même déjà aux prises avec une troisième vague dont on ne voit encore nul signe de reflux tout prochain.
Il en est néanmoins pour situer son pic au cours de la semaine prochaine, toutefois sans dire sur quels indices ou faits ils se basent pour faire ce pronostic, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas celui du pire. De toute façon, on ne tardera pas à savoir ce qu’il en est réellement. En particulier, s’il faut ou non écarter l’hypothèse d’une brusque détérioration comme celle qui en ce moment sévit en Tunisie, tout en menaçant de jeter bas son système de santé. Bien entendu, il ne faut pas perdre de vue qu’en Tunisie la crise n’est pas que sanitaire, elle est politique et économique tout autant, ce qui dans tous les cas de figure n’arrange rien. Toujours est-il que son système de santé ne s’est pas effondré, du moins pas encore. Il est mis à rude épreuve, soit. On peut même ajouter qu’il est débordé, néanmoins il tient encore le coup. Il y a peut-être là une leçon valant pour tous ses voisins. Si on appelle troisième vague celle qu’elle subit en ce moment, dans l’idée qu’elle est contemporaine de celle qui est à l’œuvre en Algérie, alors force sera de constater qu’elle est aussi contemporaine de la quatrième vague en Europe. Ainsi donc, à la 4e vague en Occident correspond la troisième en Tunisie et en Algérie. Cette dernière ne s’est encore manifestée ni au Maroc, ni en Egypte, ni ailleurs dans notre environnement immédiat. On ne sait trop d’ailleurs pourquoi. Ce n’est pas entièrement la faute au variant Delta, qui n’est encore nulle part dominant, bien qu’il soit en train de le devenir. Avec beaucoup moins de nouvelles contaminations qu’en Grande-Bretagne, ou qu’en France, la Tunisie est en train d’enregistrer plus de décès par jour. Cela s’explique en premier lieu par la couverture vaccinale, bien plus avancée en Europe d’une façon générale. Ce qui à son tour a l’air de dire que désormais, ce qui importe le plus dans le décompte final, ce n’est plus le nombre des contaminations de départ, mais l’état d’avancement de la campagne de vaccination. C’est elle qui décide de l’issue finale, du nombre de ceux qui seront emportés par la maladie comme de ceux qui en réchapperont. Les Britanniques s’attendent à ce que la levée des restrictions, effective depuis cette semaine, se paye par une explosion de nouveaux cas. Mais ils sont sûrs que grâce à la vaccination, particulièrement avancée chez eux, cette explosion ne se traduira pas en bout de chaîne par un retour à la même quantité de décès que par le passé, qui elle montait à plusieurs centaines par jour.