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jeudi 28 mars 2024

Le retour de l’inflation en Occident : un mal ou un bien ?

Le retour inopiné de l’inflation vers le milieu de l’année 2021 a peu inquiété les autorités monétaires américaines, qui y ont vu un des effets de la pandémie, un prurit sûrement de courte durée, qui comme tel se calmerait en même temps que sa cause, dont on savait qu’elle n’était pas là quant à elle pour s’éterniser. Elles étaient d’autant plus fondées à le penser que le monde n’était pas démuni devant la maladie en train de circuler. Il avait au contraire trouvé la riposte en un temps record, et même les ripostes, car il n’y a pas eu que la vaccination pour être opposée au virus, d’autres barrières ayant été dressées devant lui. Pendant des mois, la Fed, la banque centrale américaine, n’a pas voulu sortir l’arme de la hausse des taux d’intérêt, pour elle la seule à devoir être utilisée en pareil cas, considérant que le vrai danger était ailleurs, dans la baisse des prix non dans leur hausse. Il faut dire que les deux banques centrales occidentales, l’américaine et l’européenne, avaient, depuis le début de la crise financière de 2007-2008, tout fait pour avoir un peu d’inflation sans y parvenir, que changer brusquement le fusil d’épaule pour se mettre à cibler l’inflation, alors qu’il fallait se réjouir qu’enfin elle donnât signe de vie, elle dont on se demandait si elle n’était pas morte pour toujours, leur semblait une politique particulièrement risquée.

S’il est vrai que c’est la pandémie qui en réduisant l’offre des produits de large consommation avait provoqué la hausse des prix, il faut juste attendre qu’elle passe, ce qui ne devrait pas trop tarder. Ainsi raisonnaient la Fed et la BCE, et avec elles tous les gens sensés pour qui en effet le vrai péril n’est pas l’inflation mais son exact opposé, la déflation, qui depuis la crise de 2008 résistait vaillamment à toute thérapie. Pour lui faire lâcher prise, ce n’est pas une bombe atomique qui avait été employée, mais deux, une de traditionnelle, de bien connue, on dit conventionnelle, et une de tout à fait nouvelle, d’inconventionnelle autrement dit. La première, c’est bien sûr la baisse des taux d’intérêt, mais en l’occurrence ramenée à un niveau historiquement bas, ou bien à zéro, ou quasiment, ou bien en-dessous de zéro, et sur une période exceptionnellement longue, puisqu’elle a débuté au lendemain immédiat de la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, et s’est terminée avec la première hausse du taux directeur effectuée par la Fed en septembre 2022, c’est-à-dire il y a six mois seulement, pour lutter contre une inflation dont elle avait commencé par penser qu’elle était passagère. Ainsi donc, pendant 14 ans (2008-2022), les autorités monétaires américaines et européennes ont recouru aux plus grands moyens pour sortir leurs économies du piège de la déflation où elles étaient tombées mais sans y parvenir. Là-dessus arrive la pandémie qui en peu de temps non seulement réveille l’inflation mais lui fait retrouver des niveaux d’un autre temps. On tenait l’économie sur deux robustes béquilles, d’une part un taux d’intérêt frisant le zéro ou inférieur à zéro, et de l’autre une création monétaire tous azimuts – appelée «quantitative easing» en anglais, «assouplissement quantitatif» en français – comme on en a jamais vu auparavant. Chaque fois qu’on a essayé de revenir à une situation plus ou moins normale, soit par une première augmentation des taux d’intérêt, soit par un début de ralentissement de la monétisation à outrance, on a reculé d’effroi devant les périls qui aussitôt se profilaient à l’horizon immédiat.

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