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jeudi 18 avril 2024

Le procès qu’il ne faut pas perdre

A plus d’un titre, Donald Trump, dont le procès en destitution a commencé hier, est déjà quelqu’un qui appartient à l’histoire de son pays, et peut-être même à celle du monde : en tant que 45e président des Etats-Unis en premier lieu, puis pour avoir été par deux fois «impeached», et troisièmement, pour avoir été soit condamné soit acquitté au bout du procès qui lui est fait actuellement. Des deux possibilités, la condamnation et l’acquittement, la deuxième est pour le moment arithmétiquement, si l’on peut dire, de loin la plus probable. En effet, en plus des 50 voix dans la balance de la condamnation, il ne faudrait pas moins de 17 républicains qui ajoutent les leurs pour que le compte des deux tiers réglementaires soit atteint. Autrement, c’est l’acquittement. Un scénario théoriquement possible, certes, mais dans la réalité fortement improbable. Il pourrait bien se trouver un ou deux sénateurs républicains, en plus de Mitt Romney le sénateur de l’Utah, pour voter la destitution de Trump, mais guère plus. De sorte qu’on peut dire que les jeux étaient faits avant même de commencer. Si l’on connaissait le jour où le procès s’achève, on n’aurait qu’à s’y transporter par la pensée, en se disant que voilà donc le début d’un nouveau chapitre de l’histoire des Etats-Unis.

La condamnation, en revanche, si c’est elle qui pesait le plus lourd dans la balance, ne serait en revanche que la poursuite de ce qui est déjà depuis non pas l’élection de Joe Biden mais son entrée à la Maison-Blanche un certain 20 janvier. Entre les deux, en effet, il y a eu le 6 janvier, l’envahissement du Capitole, un événement et des scènes de chaos que les Etats-Unis ne sont pas près d’oublier. L’acquittement est une rupture dans une séquence qui aura duré moins d’un mois, à moins que le procès qui s’ouvre tire en longueur, ce qui est difficilement envisageable. Un Trump acquitté, c’est un Trump réhabilité, revigoré, encore plus populaire dans son camp, et à l’inverse plus nuisible qu’il ne l’a jamais été à ses adversaires, où qu’ils soient d’ailleurs sur l’échiquier politique. Son acquittement est sa rampe de lancement à même de le propulser vers la réélection. Nul doute à avoir à cet égard : il repartira en campagne le jour, sinon dans l’heure qui suit son acquittement. La nouvelle administration pourra-t-elle gouverner un pays où l’un des deux principaux camps s’est remis en campagne, comme si on était non pas au début d’un mandat présidentiel mais à sa fin ? Or tel serait le climat régnant si Trump était acquitté. Voilà pourquoi il ne fallait faire ce procès que dans l’incertitude de le faire accoucher d’une condamnation à la mort politique de l’accusé. Entre pas-de-procès-du tout et un procès qui l’innocente, le premier choix était préférable, même s’il n’était pas sans présenter des inconvénients. Rien ne peut être plus mauvais pour la stabilité politique des Etats-Unis qu’un procès tournant à l’avantage de Trump. Cet homme n’est pas le même que celui qui a été élu en novembre 2016. Entre-temps, il est devenu un leader politique, le chef de l’extrême-droite américaine, qu’il a réussi à fédérer autour de lui. Il peut se passer du parti républicain. C’est le parti républicain qui ne peut plus se passer de lui. Celui-ci le condamnerait non moins sûrement que le parti démocrate sinon. La vieille-garde républicaine, incarnée notamment par Romney, les Bush, les Cheney, et d’une façon plus vacillante par Mitch McConnell, sont devenus des étrangers dans leur propre maison.

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