Bien orienté depuis plusieurs semaines sur fond d’optimiste quant à la reprise de la demande, les cours pétroliers – qui ont encore accéléré jeudi après le statu quo décidé par l’Opep – poursuivent leur ascension. Le cours du Brent a franchi hier la barre des 70 dollars pour la première fois depuis mai 2019, après l’attaque des installations du géant Aramco en Arabie saoudite. Le baril d’or noir de la mer du Nord gagnait hier 2,11 % à 70,89 dollars. La remontée des cours pétroliers se poursuit à un rythme très soutenu. Ainsi, après avoir franchi à la hausse le seuil des 50 dollars le 10 décembre dernier, puis celui des 60 dollars il y a tout juste un mois, notamment porté par l’optimisme des investisseurs vis-à-vis de la reprise économique, le baril de Brent a atteint la barre des 70 dollars (+0,91 % à 69,99 dollars vers 9h30) hier matin, au plus haut depuis fin mai 2019. À ce stade, la référence européenne de brut affiche une progression de 36 % depuis le 1er janvier. Dans le même temps, son homologue nord-américain, le West Texas Intermediate (WTI), grimpe de 0,91 % à 66,69 dollars le baril, soit à un niveau plus observé, depuis le 30 octobre 2018, à savoir près de deux ans et demi.
Attaque d’un site pétrolier saoudien
Propulsée à un sommet depuis près de deux ans par la décision de l’Opep+,la production pétrolière restera inchangée et ce à sa demande. Les poids lourds de l’alliance arguant que si la situation s’est améliorée, les perspectives pour la reprise de la demande restaient incertaines, les principaux contrats à terme sur le brut se sont encore renchéris ce dimanche à l’annonce d’une (nouvelle) tentative d’attaque des houthis yéménites sur des installations pétrolières saoudiennes. Ces derniers ont une nouvelle fois visé des sites appartenant au géant Saudi Aramco, ainsi que des cibles militaires dans des villes saoudiennes, ce que Ryad a qualifié d’attaque manquée contre la sécurité énergétique mondiale de la part du groupe affilié au régime iranien.
Le ministère saoudien de l’Énergie a déclaré qu’un chantier de stockage de pétrole à Ras Tanura, site d’une raffinerie et plus grande installation de chargement de pétrole en mer au monde, avait été attaqué avec un drone venant de la mer. Le ministère de la Défense a précisé que le drone armé avait été intercepté et détruit avant d’atteindre sa cible – contrairement aux attaques de septembre 2019 qui avaient fait mouche et paralysé 50 % de l’immense appareil productif saoudien, provoquant une mini-panique sur le marché pétrolier.
Le ministère a également déclaré que des éclats de missile étaient tombés près d’un complexe résidentiel utilisé par Saudi Aramco, précisant qu’aucune attaque n’avait fait de victimes ou entraîné de pertes matérielles. «De tels actes de sabotage ne visent pas seulement le Royaume d’Arabie saoudite, mais aussi la sécurité et la stabilité des approvisionnements énergétiques dans le monde, et donc, l’économie mondiale», a déclaré un porte-parole du ministère dans un communiqué aux médias d’Etat. Plus tôt dimanche, la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite luttant contre les houthis (depuis mars 2015, date à laquelle le conflit entre rebelles chiites houthis – soutenus par l’Iran – et forces fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh s’est internationalisé) avait également intercepté 12 drones armés visant des «cibles civiles». Cette recrudescence des violences intervient alors que l’administration américaine de Joe Biden a exhorté les houthis à la désescalade après les avoir retirés de la liste des «organisations terroristes» pour ne pas entraver, selon elle, l’acheminement de l’aide humanitaire au Yémen.
Meriem Benchaouia