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vendredi 29 mars 2024

Le pays que même la guerre ne guérit pas de la corruption

L’Ukraine est vraisemblablement le seul pays au monde qui engagé dans une guerre existentielle a quand même dû lancer une campagne anti-corruption au somment de l’Etat pour garder la confiance de ses alliés dans le bon usage de l’aide de toute sorte qu’ils lui apportent, pour qu’il continue de se battre à la fois pour lui et pour eux. Avant la guerre, il figurait parmi les pays les plus corrompus au monde. Puis la guerre est venue, qui a battu en brèche cette sombre réputation, renversant son image, faisant de lui l’incarnation du beau et du vrai, un modèle de bravoure, de vertu guerrière, si du moins on devait en croire cet appareil de propagande monolithique que sont brusquement devenus les médias occidentaux mainstream, comme on dit aujourd’hui. Pendant onze mois de guerre, il n’a été question de lui que pour louer les sacrifices qu’il consent pour préserver sa liberté, sa souveraineté, et partant celle des autres peuples partageant les mêmes valeurs que lui. Puis arrive le douzième mois, et là tout à coup, c’est l’Ukraine d’avant qui revient brusquement sur le devant de la scène, synonyme non plus de bravoure et de droiture, mais d’oligarques, de vol et de détournement de deniers publics.

Comme par hasard, l’espèce d’opération mains propres en temps de guerre a été lancée par le président Volodymyr Zelensky la veille du sommet Ukraine-Union européenne, un moment au cours duquel l’aide multiforme de l’Europe devait être renégociée avant d’être portée à un niveau supérieur. C’est qu’il fallait côté européen fournir le plus rapidement possible à l’Ukraine les moyens lui permettant de tenir le choc de l’offensive à laquelle se prépare la Russie, et côté ukrainien donner l’assurance aux donateurs que leur nouvelle aide connaîtra un meilleur usage que la précédente, qui elle en effet a subi de coupables déperditions. Reconnaître sa faute, quoi de mieux pour se la faire pardonner, à plus forte raison si le vis-à-vis ne demande qu’à croire en vous ? Les Européens ont éminemment besoin d’être rassurés quant à la destination des armes et de l’argent qu’ils déversent sans compter sur l’Ukraine, et celle-ci est perdue si ses alliés estimant que décidément elle est incorrigible sous le rapport de la corruption se décident à arrêter les frais. Le besoin qu’ils ont les uns des autres a prévalu, comme on pouvait s’y attendre. Restent maintenant les opinions publiques des pays fournisseurs, qui apprennent avec étonnement que même la guerre à son plus haut degré d’intensité n’est pas parvenue à guérir l’Ukraine de la corruption, qui continue à faire des siennes, un peu comme si de rien n’était. Comme s’il n’y avait pas véritablement de guerre, mais juste une vaste et sanglante comédie où les braves soldats ukrainiens se battent et meurent pour de vrai, mais où leurs chefs, ou du moins une partie d’entre eux, agissent comme en temps de paix, c’est-à-dire à se servir sur le bien commun. S’il y a guerre, il y a la loi martiale et ses rigueurs. Voler en temps de guerre, c’est comme trahir, c’est donc être passible du peloton d’exécution. Rien de tel dans l’Ukraine en guerre : on offre sa démission, au pire, on est limogé, et voilà tout. Le ministre de la Défense, dont nombre de ses subordonnés ont en quelque sorte été pris la main dans le sac, a juste été appelé à une autre mission gouvernementale pour prix de sa gestion très laxiste. Il serait passé par les armes dans un pays se considérant réellement en guerre.

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