Les prix du pétrole remontaient hier après une forte baisse la veille, le marché s’acclimatant à l’idée d’une hausse de la production des membres de l’Opep+.
Vers 10h05 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 63,85 dollars à Londres, en hausse de 2,74 %. A New York, le baril américain de WTI pour le mois de mai gagnait 2,80 %, à 60,29 dollars. Depuis la décision, jeudi, de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires d’augmenter graduellement leur production au cours des prochains mois, le marché de l’or noir peine à trouver une direction forte : en nette hausse jeudi, les cours avaient piqué du nez lundi, avant de se reprendre hier. Dans un premier temps, les investisseurs se sont focalisés sur l’optimisme de l’Opep+, qui mise sur une reprise rapide de la demande de pétrole alors que le monde se déconfine et que les déplacements reprennent. Depuis le début de l’année, le marché du pétrole mise sur cette reprise de la demande : le Brent gagne 22,5 % depuis le 1er janvier et le WTI 23,4 %. Pour les analystes de JP Morgan, l’augmentation prévue de la production saoudienne est notable : «Une explication pourrait être la visibilité qu’ils ont sur la reprise de la demande, car les contrats qu’ils signent avec les raffineries leur permettent de voir combien le marché absorbera de brut sur les deux prochains mois», écrivent-ils. «On ne peut que spéculer sur ce qui s’est passé lors de cette réunion, mais il y a eu un coup de téléphone entre les ministres de l’Energie de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis juste avant la réunion», a également souligné Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. Le gouvernement américain, allié historique de l’Arabie saoudite, a par le passé fait pression sur le premier exportateur mondial pour éviter qu’un envol des cours du baril ne se transforme en une hausse trop élevée des prix à la pompe. «Le seuil de 70 dollars le baril est la limite de l’acceptable pour l’administration américaine», juge Tamas Varga, analyste chez PVM. Pendant que l’incertitude plane également sur la reprise de la demande, alors que la campagne de vaccination avance vite aux Etats-Unis mais est à la peine en Europe, les analystes s’attendent à ce que la volatilité reste élevée sur le marché. Au terme de leur dernière réunion, les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés, réunis au sein de l’Opep+, ont en effet choisi d’augmenter leur volume de production de 350 000 barils par jour en mai et juin, puis de 441 000 barils en juillet. Les acteurs du marché sont également attentifs aux tentatives de rapprochement entre les Etats-Unis et l’Iran, qui pourraient être de nature à faire grossir l’offre d’or noir. Les deux pays ont accepté d’entamer cette semaine à Vienne de premières négociations indirectes, par l’intermédiaire des Européens, pour tenter de sauver l’accord international sur le nucléaire iranien. L’ex-président américain Donald Trump avait claqué la porte en 2018 de cet accord-clé conclu trois ans plus tôt, et avait rétabli toutes les sanctions contre Téhéran, qui en retour a commencé à s’affranchir des restrictions à son programme nucléaire.
Meriem Benchaouia