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dimanche 24 septembre 2023

Le jusqu’auboutisme ukrainien

Pour Henry Kissinger tout au moins, l’Otan est aujourd’hui, après plus d’une année de guerre, bien plus menacée par le jusqu’auboutisme ukrainien, tendu simultanément vers deux objectifs, à savoir la victoire sur la Russie et l’entrée dans l’alliance, que par la Russie, qui ne serait pas mécontente si la paix devait se faire sur la ligne de séparation actuelle. Certes, elle n’aurait pas dans ce cas réussi à prendre les oblasts annexés dans leur totalité, mais elle aurait récupéré toute la Crimée, et mis les russophones ukrainiens à l’abri des violences de Kiev. Kiev quant à lui sait qu’il ne peut gagner contre Moscou qu’en entraînant ses alliés occidentaux dans la guerre. Moscou a tout intérêt à ce que les Occidentaux n’entrent pas dans le conflit avec leurs propres troupes. Pour les Occidentaux, il faut certes armer et aider l’Ukraine, et ce aussi longtemps que cela s’avèrerait nécessaire, mais il n’est pas question d’entrer en guerre avec la Russie, une puissance nucléaire. Ils le voudraient d’ailleurs qu’il n’est pas évident qu’ils le puissent. Car il leur faudrait avant cela convaincre leurs peuples de la nécessité de cette guerre. On se souvient de la distinction faite par Joe Biden lorsque la Russie se préparait à envahir l’Ukraine, entre guerre par nécessité et guerre par choix.

Il mettait en garde le président russe contre le fait qu’il était en train de déclencher une guerre de choix. Les opinions occidentales s’opposeraient à une guerre de ce genre, d’autant que des personnalités comme Henry Kissinger existent qui sans doute ne manqueraient pas de leur expliquer que cette guerre est en réalité facilement évitable, et de quelle manière elle pourrait l’être. En Occident personne ne songe à entrer en guerre avec la Russie juste pour obliger cette dernière à retirer ses troupes d’Ukraine. Les opinions occidentales n’auraient en revanche d’autre choix que d’accepter cette guerre si l’armée russe s’installait à leurs frontières avec l’intention de les franchir à la première occasion venue. Ce qu’elles constatent pour l’heure, ce serait plutôt le contraire : l’extension de l’Otan à l’est, sa volonté d’intégrer à terme l’Ukraine pour se trouver au contact direct avec la Russie. Une marche à l’est qui à l’évidence ne doit rien au hasard. Beaucoup en Occident en sont parfaitement conscients, d’accord en cela avec Kissinger pour qui la véritable cause de la guerre est cette progression à l’est constante depuis de longues années. Les nains qui aujourd’hui sont à la tête des Etats occidentaux, une autre opinion de Kissinger, seraient incapables de convaincre leurs peuples que dans ces conditions une guerre avec la Russie n’en est pas moins une guerre nécessaire, dont à ce titre ils devraient accepter le tragique. Pour les populations occidentales comme pour le reste du monde, le fautif est celui qui se présente avec ses forces aux frontières d’un autre peuple, quelles que soient en définitive ses intentions, ce n’est pas celui qui voit arriver dans sa direction des forces étrangères hostiles et qui fait quelque chose pour se garantir contre elles. Voilà pourquoi d’ailleurs ce qu’on peut appeler la communauté des Etats indépendants ne condamne pas la Russie pour avoir envahi l’Ukraine. Ce n’est pas elle en effet qui a progressé à l’ouest depuis la chute de l’Union soviétique, c’est l’Otan qui pendant tout ce temps a marché dans sa direction. Nul doute que les opinions occidentales sont du même avis.

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Le 24 Septembre 2023

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