Jusqu’à ces tout derniers jours, on croyait savoir entre qui et qui allait se jouer la présidentielle américaine prochaine, celle de novembre de 2024. Mais voilà que ce qui jusque-là n’était qu’une forte hypothèse de travail est devenue la réalité, l’âpre réalité : l’inculpation de l’un des deux supposés finalistes d’une compétition somme toute encore assez lointaine, Donald Trump, dans l’une des affaires qui se tramaient contre lui quant il occupait encore la Maison-Blanche, comme autant de pièges jetés sur lui à tout hasard avec l’espoir qu’au moins l’un d’eux finisse par se refermer sur lui. Résultat : on ne sait plus à quelle présidentielle on assistera le moment venu, quand bien même les deux finalistes resteraient les mêmes. Une hypothèse au demeurant peu probable désormais que celle-là, car les démocrates ne se sont pas décidés à inculper Trump pour qu’au bout du compte lui donner l’avantage sur leur candidat, qu’il soit Joe Biden ou un autre, en le faisant paraître comme un persécuté politique, c’est-à-dire quelqu’un de tellement dangereux pour eux qu’il leur a fallu faire contre lui quelque chose sortant de l’ordinaire. Ils auraient agi contre eux-mêmes si après l’avoir inculpé, sans que le ciel leur tombe aussitôt sur la tête, ce qui pour l’heure n’est pas encore garanti, ils le laissaient développer tranquillement sa campagne, et faire des poursuites engagées contre lui le contraire d’un handicap, un atout.
Si donc Trump est inculpé dans les règles cette semaine, comme cela est prévu, à Manhattan, et même à supposer qu’il conserve suite à cela tous ses droits politiques, et par conséquent celui de concourir à la présidentielle, ses adversaires, c’est-à-dire en tout premier lieu les démocrates, car en l’occurrence la Justice est un instrument entre leurs mains, feraient en sorte que cela lui nuise non que cela lui profite. Il serait pour le moins extraordinaire que ce soit justement le candidat sous le coup d’une inculpation qui remporte la présidentielle. Faisons confiance aux démocrates, qui ont pris le risque de lui faire un procès, pour qu’un tel scénario ne se produise pas. Si donc Trump est inculpé, il faut s’attendre à ce qu’il soit ensuite arrêté, pas nécessairement dans la foulée de son inculpation d’ailleurs, mais quelque temps plus tard, suffisamment à temps cependant pour que cela ait l’air de relever d’une bonne administration de la justice. Cela dit, toutes les cartes ne sont pas d’ores et déjà entre les mains de ses persécuteurs. Il en est notamment une qui ne dépend en aucune façon d’eux, et qui est en mesure de faire échouer leur coup, celui-ci consistant à éliminer Trump de la course, seul moyen de s’assurer qu’il ne sera pas réélu. Car s’il est réélu, pour eux ce sera la fin de tout, l’affreuse mort politique. Le sort à la fois politique et personnel de Trump est entre les mains de sa famille politique, plus exactement de la base républicaine. Si les républicains ordinaires (the grassroots) décident de faire bloc autour de lui, il est sauvé, ou alors c’est la guerre civile. Si par contre au bout d’un certain temps de flottement, il est lâché par eux, non seulement il ne concourra pas, mais il ira en prison. C’est à eux qu’il appartient d’en décider, non pas aux démocrates, parce que si cela ne dépendait que de ces derniers, l’affaire serait réglée depuis longtemps. Les démocrates ont tourné et retourné le cas. S’ils ont décidé de passer à l’action, c’est qu’ils ont acquis la certitude que la chose, c’est-à-dire l’élimination de Trump, était réalisable. Mais si malgré tout il s’avère qu’ils se sont trompés, notamment en pensant que les républicains ne défendraient pas vraiment Trump, alors c’est à leur propre fin qu’ils auraient travaillé, en croyant se consacrer exclusivement à celle de Trump.