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jeudi 30 mars 2023

Le gouvernement Dbeibah déjà contesté à l’est comme à l’ouest

En février et mars derniers, le sentiment prévalait généralement que la Libye était enfin placée sur de bons rails, sur lesquels elle n’aurait qu’à se laisser glisser pour arriver saine et sauve à bon port, c’est-à-dire à la tenue des élections générales marquant la fin d’une crise qui dure depuis maintenant une décennie. Mais dès le mois suivant, avril, cet optimisme subissait sa première épreuve de réalité, et elle n’était pas pour le conforter, tout au contraire. Une réunion du gouvernement d’union nationale qui devait se tenir à Benghazi a été reportée sine die, les autorités de fait à l’est n’ayant pas permis à une équipe de sécurité venant de l’ouest de préparer elle-même la visite du gouvernement. Les optimistes impénitents pouvaient néanmoins se féliciter de ce que cette équipe n’ait pas été arrêtée mais seulement empêchée de remplir la mission reçue d’un exécutif en théorie reconnu par tout le monde en Libye, et en dehors de celle-ci. Pour les forces armées de l’est, celles de l’ouest sont des milices terroristes. Comme telles, le pire aurait pu leur arriver à Benghazi, qui finalement ne s’est pas produit. Donc même si la perspective s’est quelque peu brouillée du fait de ce premier incident, elle ne s’est quand même pas complètement assombrie.

De là où on était, la vue pouvait encore porter jusqu’au 24 décembre, date à partir de laquelle la Libye nouvelle devrait être sortie de ses limbes. Mais avec ce qui s’est passé dernièrement, cette fois à Tripoli, où un groupe armé a fait irruption dans un bâtiment du Conseil présidentiel, pour notamment exiger la démission de la ministre des Affaires étrangères Najla Mangoush, on peut difficilement continuer de se bercer de l’illusion que la Libye est sur la bonne voie. Et ce n’est pas tout, la ou les milices exigeant l’éviction de la ministre ne veulent pas non plus entendre parler du remplacement du responsable en charge de la sécurité à Tripoli, un changement auquel entendait procéder le gouvernement Dbeibah. Si Najla Mangoush n’est plus en odeur de sainteté auprès des autorités militaires de fait à Tripoli, à supposer qu’elle l’ait jamais été, c’est parce qu’en présence même de son homologue turc elle a osé renouveler la demande formulée depuis le début par son gouvernement, comme d’ailleurs par l’ONU, comme quoi tous les mercenaires présents en Libye devaient comme convenu quitter rapidement le pays. En visite ensuite à Berlin, le même ministre turc a fait savoir que les forces fournies par son pays ne répondaient pas à la définition de mercenaires, puisqu’elles étaient là en vertu d’un accord passé avec le gouvernement libyen précédent, celui d’union nationale de Fayaz el-Serraj. En clair, elles y sont elles y restent. Un gouvernement de transition établi sur de bonnes bases se serait hâté de lever toute confusion à cet égard. Le gouvernement Dbeibah ne l’a pas encore fait. Il n’a même pas renouvelé sa confiance à celui de ses membres ciblé. Tout cela n’augure rien de bon ni sur sa capacité à concrétiser la feuille de route constitutive de son mandat, ni même sur sa durée. Le fait en effet est qu’à l’est comme à l’ouest, il a été remis à sa place dès lors qu’il a voulu agir comme la seule autorité légitime dans le pays.

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