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jeudi 30 novembre 2023

Le difficile retour des Etats-Unis à l’accord de Vienne

Le nouveau secrétaire d’Etat Antony Blinken est d’avis que le temps qu’il reste à l’Iran pour être en possession de l’arme nucléaire se mesure désormais en semaines, et que cela tient en partie à ce qu’il se soit exonéré de quelques-unes de ses obligations dans le cadre de l’accord de Vienne, comme celle fixant le taux d’enrichissement de l’uranium qu’il ne doit pas dépasser. Dans l’interview accordée à la chaîne MSNBC sur les grandes lignes de la politique extérieure de la nouvelle administration, Blinken ne dit pas expressément que cela signe l’échec de l’administration Trump en la matière, et qu’il faille par conséquent prendre son contrepied sans plus différer, en commençant par réintégrer l’accord que dans son imprévoyance elle avait dénoncé. S’il ne le dit pas en ces termes, du moins le laisse-t-il entendre, sauf que ce n’est pas aux Etats-Unis de faire le premier pas pour rattraper cette erreur mais à l’Iran, par exemple en revenant au taux d’enrichissement autorisé par l’accord. Comprenant la difficulté qu’il y a pour la plus grande puissance au monde à se dédire, en l’espèce à réintégrer un accord non modifié après s’en être retirée délibérément, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Djavad Zariv a demandé à l’Union européenne, signataire elle aussi de l’accord en question, d’assumer en l’occurrence le rôle de médiateur lui revenant de droit entre son pays et les Etats-Unis.

Des bons offices que les Européens se garderaient bien d’accomplir car cela reviendrait à prendre position en faveur de l’Iran dans son bras de fer actuel avec les Etats-Unis, leurs alliés préférés. Sous Trump, ceux-ci attendaient que l’Iran frappe à leur porte incapable qu’il serait de résister plus longtemps à la pression maximale exercée sur lui par le bais des sanctions économiques «les plus dures jamais imposées à un pays». Sous Biden, c’est leur volonté affichée, mais non encore concrétisée, de lever ces mêmes sanctions qui devrait pousser les Iraniens à faire le premier pas en leur direction. On sait que ces derniers sont déterminés à ne rien faire de tel tant que le vis-à-vis américain n’a pas à tout le moins annoncé les premiers allégements des sanctions qui les frappent, et cela en gage de bonne volonté. Du côté des Européens, à noter que seul le président français est intervenu, et c’est pour proposer la présence de l’Arabie saoudite dans les négociations à venir, à croire que pour lui l’accord de 2015 n’existe plus. Une proposition que les Iraniens se sont empressés de rejeter avec véhémence. La nouvelle administration américaine ne dit pas que l’accord de Genève n’existe plus, parce que si elle le disait elle semblerait du même coup consentir à ce que l’Iran enrichisse son uranium à la hauteur qu’il voudrait, et sans qu’il soit pour autant comptable d’une quelconque violation. Elle ne dit pas non plus et de façon univoque que cet accord est toujours en vigueur, parce qu’alors elle reconnaîtrait que ce sont les Etats-Unis qui sont en contravention par rapport à lui, et d’abord pour s’en être retirés il y a maintenant plus de deux ans. Elle s’interdirait du même coup de rien exiger de la part de l’Iran qui du moins ne s’est pas affranchi de toutes les clauses de l’accord, même s’il prend des libertés avec l’une d’elles, ce qu’il fait d’ailleurs en toute franchise.

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