«Le secteur de l’Industrie pharmaceutique est appelé à passer à une étape supérieure. Aujourd’hui, la bataille est technologique», a fait savoir, hier, le Dr Mohamed Nibouche, expert en industrie pharmaceutique. S’exprimant sur les ondes de la Radio nationale, l’ancien directeur de la pharmacie et des équipements au ministère de la Santé a estimé que «le développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie est aujourd’hui à la croisée des chemins».
Par Meriem Benchaouia
Selon l’expert, «nous disposons d’un tissu industriel performant, puisque plus de 50 % des besoins nationaux en produits pharmaceutiques sont satisfaits. Toutefois, cela reste insuffisant». A cet effet, le Dr Nibouche préconise d’intensifier la recherche au service de la santé. Pour ce faire, «il faut ouvrir, aujourd’hui, la porte au développement de la recherche et au développement de cette industrie vers les produits biologiques, vers les biosimilaires, vers les produits princeps biologiques et qui parle de produits biologiques, parle de recherche et de vaccin». Pour insuffler un esprit de complémentarité et de complicité pour le soutien du développement scientifique industriel en Algérie, «il est impératif que des passerelles soient mises en place entre la Santé, l’université et l’Industrie pharmaceutique», a insisté l’invité. D’après lui, l’Algérie doit construire cette complémentarité et impliquer l’ensemble des petites industries qui apportent les éléments nécessaires au développement de l’industrie pharmaceutique et de la recherche. Revenant sur la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique, l’ancien directeur de la pharmacie et des équipements au ministère de la Santé a considéré que sa création constitue «une étape-clé». «Nous avons plaidé pour la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique et pour la mise en place de l’Agence des produits pharmaceutiques au sein de ce même ministère, car nous y voyons l’intérêt scientifique, sanitaire et industriel de l’Algérie», a-t-il affirmé. Plus important encore, l’expert a souligné «un intérêt en termes d’indépendance dans la prise de décision par rapport à certains lobbies de l’importation qui influaient, auparavant, sur ce secteur, de manière assez négative». Ceci devrait être contré par un nouvel arsenal juridique. «L’objectif du ministère de l’Industrie pharmaceutique, d’ici 2022, c’est la mise en place d’une nouvelle réglementation», a-t-dit. «Tant qu’il y aura des intérêts, ces lobbies étrangers existeront toujours, mais il ne faut pas que cela freine l’élan du développement de l’industrie pharmaceutique», a-t-il prévenu. Dans ce sens, il a appelé à «resserrer les rangs autour du projet de développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie», et à faire preuve de patriotisme au service de l’économie nationale. «Être patriote ce n’est pas brandir un drapeau et sortir dans la rue. Etre patriote c’est se lever tous les matins et aller travailler pour le développement de son pays», a déclaré l’expert, qui a appelé le secteur privé à investir dans la recherche. «Hormis pour ce qui relève de la souveraineté de l’Etat, comme les vaccins par exemple, il est impératif que le secteur privé puisse participer, notamment pour les budgets de recherche dans les universités», a-t-il expliqué. «L’idée de développer les biotechnologies avait été lancée en 2003. Invité à venir en Algérie, le président des laboratoires Heber biotec de Cuba, qui étaient à
l’époque le troisième développeur de biotechnologies au monde, a fait le déplacement mais, rien n’a été fait», a témoigné le Dr Nibouche. En cause, selon l’expert, «les lobbies sont intervenus pour empêcher l’Algérie de développer des recherches à l’Université de Bab Ezzouar sur les biotechnologies». Il a estimé qu’il faudra «du courage pour mener à bien le projet et pour lutter contre toutes ces forces qui s’opposent au développement de l’Algérie».
M. B.
