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mercredi 29 novembre 2023

Le démenti d’el-Serraj à lui-même

Ceux qui s’attendaient à ce que Fayez el-Serraj tienne à la 75e Assemblée générale de l’ONU des propos de la même eau que ceux contenus dans son allocution télévisée d’il y a une dizaine de jours, ceux-là en auront été sans doute pour leurs frais. Le 16 septembre, el-Serraj avait annoncé sa démission à la fin du mois d’octobre, pour peu qu’un nouveau Conseil présidentiel ait pu être formé dans l’intervalle. Pas un mot par contre sur ce même départ devant l’Assemblée générale de l’ONU. Rien non plus sur les négociations en cours, ou supposées en cours, tant au Maroc qu’en Egypte, mais aussi ailleurs, qui pourtant avaient fait naître l’espoir que des avancées notables étaient en train de s’accomplir, et dont l’annonce ne saurait trop tarder. On n’aurait même pas tort d’interpréter ce discours comme un démenti à la fois de l’annonce du 16 septembre et des progrès supposés en train de se faire dans le dialogue interlibyen, dont il a beaucoup été question tout au long de ce mois de septembre. Ce discours a en fait ramené son auditoire à la période d’avant l’annonce du cessez-le-feu du 21 août dernier, faite à quelques heures de distance par lui-même puis par Aguila Salah, le président de la Chambre des représentants basée à Tobrouk, à un moment donc dominé par la menace d’un assaut sur Syrte. Plus significatif encore, par certains de ses accents, il n’aurait pas particulièrement juré avec le climat qui avait régné lorsque les forces de Tobrouk s’efforçaient encore de prendre Tripoli.

Souvent il faut attendre la ou les suites d’un événement pour mieux en cerner la signification. En l’occurrence, il n’a pas fallu attendre bien longtemps avant que l’on comprenne qu’el-Serraj ne se concevait pas le 16 septembre comme un partant mais plutôt comme un restant. La condition même qu’il posait à sa démission, à son départ volontaire par conséquent, n’était pas susceptible d’être satisfaite en aussi peu de temps. Pour que cela fût possible, il eût fallu qu’un accord fût déjà trouvé portant non seulement sur son départ mais également sur son remplaçant, et d’une façon plus générale sur la composition d’un nouveau Conseil présidentiel. On conviendra que voilà bien des questions difficiles à régler et qu’il faudrait néanmoins résoudre avant que lui-même ne puisse quitter la scène. Dans ce même discours à l’ONU, c’est en vain non plus qu’on chercherait une offre de dialogue à l’adresse du gouvernement de Tobrouk. El-Serraj y est au contraire revenu pleinement à la vieille idée qu’il n’existe qu’une autorité légitime en Libye, et c’est celle-là même qu’il incarne lui au premier chef, qui est dans sa personne davantage que dans le Conseil présidentiel et le Haut Conseil d’Etat réunis. Si un jour le doute l’avait assailli, il s’est dissipé depuis. Il se trouve que ce qui est en débat dans le dialogue interlibyen, si bien sûr dialogue il y a vraiment, ce qui pour l’heure n’est guère évident, ce n’est pas le renouvellement de l’accord de Sekhirat, mais son dépassement. Cet accord est en effet un accord de transition, en attendant que la Libye recouvre son unité politique et territoriale. Le moins que l’on puisse dire de lui, c’est qu’il n’est pas un accord final. Tel ne semble pas être l’avis d’el-Serraj, qui semble en tout cas y tenir plus que jamais.

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