L’inculpation de Donald Trump ayant eu lieu maintenant, et le procureur du district de Manhattan Alvin Bragg s’en étant expliqué devant la presse, on sait maintenant, en tout cas pour l’essentiel, ce qui est reproché au prévenu : celui d’avoir caché en 2016 à l’opinion américaine ceci qu’il avait acheté le silence d’une actrice du X qui le menaçait de révéler une passade remontant à dix ans plus tôt. A première vue, quoi de plus naturel de la part d’un homme marié, coupable non pas d’un crime d’Etat mais d’infidélité à l’égard de sa femme, que de tout faire pour que cette dernière n’en sache rien, quitte pour cela à se fendre d’une somme d’argent, en l’occurrence d’une somme plutôt coquette d’ailleurs. Pas du tout, a expliqué le procureur de Manhattan, ce n’est pas pour cela qu’il est poursuivi, mais pour avoir caché ce paiement aux électeurs américains, qui dans l’ignorance de cela l’avaient élu. Ils auraient été au courant, c’est Hillary Clinton qu’ils auraient choisie, pas lui. Mais cela bien sûr il ne l’a pas dit, il l’a seulement suggéré. L’acte d’accusation signifié à Trump comporte 34 chefs d’inculpations, qui tous se rapportent à cette même affaire. Il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’un procès en sorcellerie de cette nature est possible.
Bragg a reconnu qu’en lui-même le fait reproché à Trump, qui est d’avoir fait passer ce paiement pour une dépense ordinaire, n’est pas un crime mais juste un délit. Ce qui fait qu’il a été néanmoins requalifié en crime, a-t-il précisé, c’est qu’il a servi à couvrir un crime, un vrai celui-là, qui est d’avoir caché cette chose aux Américains. Ce qu’il aurait dû faire, après avoir cédé au chantage de Stormy Daniels, c’est porter à la connaissance de l’opinion des électeurs ce qu’il venait de faire, de façon à ce qu’ils votent ensuite en parfaite connaissance de cause. Alors qu’en n’en faisant rien, il les avait trompés, ce qui lui avait permis de remporter
l’élection. Or le procureur de Manhattan n’a pas seulement promu en crime ce qui n’est qu’un délit selon la loi de New York sur le financement des campagnes électorales, il a aussi fait bon marché d’une disposition de cette même loi, suivant laquelle toute infraction en la matière est prescrite au bout de cinq ans. Les faits reprochés à Trump s’étaient produits en 2016. On est en 2023. Ils sont donc normalement prescrits depuis deux ans. Non seulement donc on reproche à Trump de ne pas avoir agi contre lui-même en 2016, à la fois en tant que candidat à la présidence des Etats-Unis, et en tant qu’individu marié, en révélant le chantage dont il a été l’objet, mais on entend aussi le priver du bénéfice de la prescription. De l’exposé des motifs fait par son accusateur, il ressort assez clairement que son véritable crime, c’est d’avoir été élu contre celle dont les démocrates voulaient par-dessus tout faire la première femme présidente des Etats-Unis, la candidate de droit divin, Hillary Clinton. Pour eux ce crime est le résultat d’un mensonge, d’une dissimulation. Trump aurait joué cartes sur table, il aurait été absolument véridique, c’est leur candidate qui aurait été élue, pour eux la mieux placée des femmes américaines pour devenir la première présidente des Etats-Unis d’Amérique. Ce crime-là, jamais ils ne le lui pardonneront.