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dimanche 3 décembre 2023

Le Cour Grandmaison au sujet des massacres du 17 octobre 1961: Un «crime contre l’humanité» en exécution d’«un plan concerté»

Le politologue et universitaire français, Olivier Le Cour Grandmaison, a qualifié, hier, de «crime contre l’humanité» les massacres commis par la police française contre des Algériens sortis manifester pacifiquement le 17 octobre 1961 à Paris contre un couvre-feu discriminatoire des autorités françaises, affirmant que ceux qui ont été ainsi assassinés «l’ont été pour des motifs politiques et raciaux en exécution d’un plan concerté».

Par Omar F.

«Relativement aux massacres (…), ils peuvent et doivent être qualifiés de crime contre l’humanité puisque celles et ceux qui ont été ainsi assassinés l’ont été pour des motifs politiques, raciaux et religieux en exécution d’un plan concerté», a affirmé, dans un entretien à l’APS, l’un des spécialistes reconnus des questions liées à l’histoire coloniale française en Algérie.
Il rappellera qu’«à l’origine de ces rassemblements pacifiques appelés et organisés par le Front de libération nationale (FLN) à Paris et dans la région parisienne, se trouve un couvre-feu discriminatoire et raciste imposé par le préfet de Police Maurice Papon, où plus de 14 000 arrestations ont été opérées, soit près d’une personne sur deux», a relevé le politologue, pour qui «ces rafles sont sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale».

Non reconnaissance du crime : la «pusillanimité» des gouvernements français soulignée
Sur un autre registre, le politologue a relevé la «pusillanimité» des gouvernements et présidents français successifs de reconnaître les massacres du 17 octobre 1961 à Paris.
«Depuis 1991 et plus encore en 2001, date de la mise en place d’un collectif unitaire réunissant de nombreuses associations, organisations syndicales et partis politiques à l’occasion de la quarantième commémoration de ces massacres, ce collectif demande aux plus hautes autorités françaises de reconnaître qu’un crime d’Etat particulièrement terrible a été commis alors», a rappelé M. Grandmaison.
Il fera observer que, jusqu’à présent, il n’y a que l’ex-Président François Hollande qui «s’est contenté de qualifier ce qu’il s’est passé de ‘’sanglante répression’’ ce qui est, selon le politologue, très en-deçà de la réalité et des revendications du collectif».
Il n’en demeure pas moins, a-t-il relevé, qu’au niveau local, de nombreuses initiatives ont été prises : érection de stèles à la mémoire des victimes, plaque commémorative au Pont Saint-Michel à Paris, boulevard du 17 octobre 1961 à Nanterre, square du 17 octobre 1961 à Givors pour donner quelques exemples, cependant que les rassemblements se sont désormais étendus à de très nombreuses villes françaises.
«Cela, a-t-il poursuivi, ne fait que souligner plus encore la pusillanimité des gouvernements et présidents de la République, qu’ils soient de droite ou de gauche. Tous refusant de s’engager plus avant», a-t-il regretté.
En ces matières, le Président actuel Emmanuel Macron «se comporte comme ses prédécesseurs, sans doute pour ne pas heurter un électorat de droite qu’il courtise de façon régulière désormais en vue des élections présidentielles qui approchent», a-t-il opiné.

O. F.

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