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samedi 20 avril 2024

Le chef du Pentagone donne le signal de la révolte en Tunisie

Un mois ne s’est pas encore écoulé depuis l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution en Tunisie, différente de la précédente en ce qu’elle concentre le pouvoir exécutif entre les mains du président de la république, que voilà déjà un premier acte de rébellion qui est mené par le tribunal administratif de Tunis aux termes duquel les révocations de juges décidées par Kaïs Saïed en juin dernier sont annulées. Il s’en est trouvé des sources pour suggérer que la liste des juges réhabilités, et par là même en capacité de reprendre sur-le-champ leurs fonctions, serait publiée dès mercredi, ce qui ne s’est pas encore produit. Le plus probable est que cette publication n’aura pas lieu, les autorités politiques et judiciaires du pays ayant pris sûrement les dispositions nécessaires en la matière. Si un compartiment de la Justice tunisienne est capable de casser une décision prise par le premier magistrat du pays, alors c’est qu’il n’existe pas un seul centre de pouvoir dans ce pays mais deux. Ce qui jusqu’à preuve du contraire n’est pas le cas. Mais si des velléités de cette nature se font jour en Tunisie, c’est parce que le chef du Pentagone Lloyd Austin en des termes vigoureux avait déploré mardi dernier, lors d’un conclave le réunissant à des représentants africains, que l’élan démocratique en Tunisie, selon lui l’un des plus affirmés en Afrique et dans le monde arabe, soit en train d’être brisé ; mais que ses porteurs ne se laissent pas abattre pour autant, a-t-il aussitôt ajouté, car le soutien des Etats-Unis, la première des démocraties et leur leader, ne leur fera pas défaut. Il faut dire que le secrétaire à la Défense n’est pas le premier des officiels américains à s’en prendre sans ambages au nouveau cours en Tunisie. Avant lui, le secrétaire d’Etat Antony Blinken avait, à peine connu le taux de participation au référendum du 25 juillet, fait part des mêmes craintes sur l’avenir de la démocratie en Tunisie, toutefois dans un style bien plus mesuré. Le chargé d’affaires américain à Tunis n’en pas moins été convoqué en haut lieu pour se voir signifier les plus vives protestations quant au peu de respect que son gouvernement montre à l’égard de la souveraineté tunisienne. Reste que du secrétaire d’Etat au secrétaire à la Défense, les regrets se sont, au bout en quelques jours seulement, teintés de menace. Ce que Blinken a seulement suggéré, Austin l’a proféré, ne craignant même pas de lui donner la forme d’un appel plutôt direct à la révolte. La révocation par les soins du tribunal administratif des révocations présidentielles antérieures en est la première conséquence, bien évidemment. Mais si les Américains pensent qu’il suffit de donner le signal de la révolte pour qu’elle éclate dans toute sa force, ils se trompent. Cela fait maintenant plus d’une année que l’épreuve de force entre le camp présidentiel et celui emmené par Ennahdha se déploie sans que la révolte qui se cherche se soit trouvé un débouché. Si elle couvait, si ses ingrédients étaient déjà réunis, on l’aurait su forcément au bout de tout ce temps. Mais maintenant que les Américains poussent à la roue, il ne faut pas exclure que le feu se manifeste ici et là et veuille prendre enfin, ce dont naturellement les patriotes tunisiens sont conscients.

 

 

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