Les cours du pétrole ont affiché cette semaine leur plus forte hausse depuis mi-avril, dans un contexte d’optimisme pour la demande américaine de brut avant le week-end prolongé du Memorial Day qui lance la saison des déplacements d’été. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c’est le dernier jour de cotation à Londres, a terminé à 69,63 dollars, en hausse de 17 cents ou +0,24 % par rapport à la clôture de la veille. Sur la semaine, il a bondi de 5,71 %. A New York, le baril de WTI pour le même mois s’est légèrement replié de 53 cents ou 0,79 % à 66,32 dollars. Mais sur la semaine, il a engrangé 4,81 %. Les cours des deux contrats de référence naviguent proches de leurs plus hauts annuels atteints début mars, à 71,38 dollars pour le Brent et 67,98 dollars pour le WTI. «Ces dernières semaines, nous avons eu une forte demande de carburants aux Etats-Unis et un niveau élevé d’activité des raffineries alors que le week-end de Memorial Day lance la saison des déplacements de l’été», a noté John Kilduff d’Again Capital. Cette demande de carburants devrait encore s’intensifier dans les semaines qui viennent et intensifier l’activité des raffineries qui est encore en-deça du niveau habituel pour la saison à 87 % au lieu de 90 % et plus, a indiqué l’analyste. Jeffrey Halley, de Oanda, ajoute à cela «le sentiment général sur le marché que l’Opep+ qui laissera ses augmentations de production inchangées» lors de sa réunion de la semaine prochaine. Les vingt-trois pays signataires de l’accord Opep+, qui regroupe les producteurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et dix alliés, se retrouvent mardi 1er juin pour arrêter leur production de brut des mois à venir. M. Halley se dit également confiant dans «l’absorption par les marchés internationaux du pétrole iranien», s’il venait à revenir, «au fur et à mesure de la reprise économique mondiale». L’industrie pétrolière iranienne est soumise à embargo par les Etats-Unis, mais une amélioration des relations entre Washington et Téhéran pourrait conduire à l’allègement de ces sanctions et donc à l’arrivée sur le marché d’un volume important d’or noir. Mais selon John Kilduff, les investisseurs guettent aussi les élections présidentielles en Iran, alors qu’un candidat ultraconservateur fait figure de favori «ce qui pose question pour les perspectives diplomatiques à venir» et pourrait s’avérer être un facteur à la hausse pour le cours du pétrole. Par ailleurs, dans son dernier rapport mensuel l’Opep a maintenu ses prévisions de hausse de la demande mondiale de pétrole pour cette année, prudente après l’avoir relevée le mois dernier, alors qu’elle prévoit de rouvrir les vannes à partir de mai. L’Organisation des pays producteurs de pétrole table sur un rebond de la demande de brut en 2021 à hauteur de 6 millions de barils par jour (Mb/j), une prévision identique à celle du mois précédent. La demande mondiale est ainsi attendue à 96,5 Mb/j en moyenne, après être tombée à 90,5 Mb/j en 2020 sur fond de crise sanitaire et économique. «Une demande plus faible que prévu dans la zone Amérique de l’Ocde au cours du premier trimestre 2021, ainsi que la résurgence des cas de Covid-19 en Inde et au Brésil, ont entraîné une révision à la baisse des données relatives à la demande de pétrole pour la première moitié de l’année», explique l’Opep dans son rapport. Elle est plus «optimiste» pour le deuxième semestre, au vu de «données positives sur les carburants aux Etats-Unis et l’accélération des programmes de vaccination dans de nombreuses régions». «Le retour supposé à un certain degré de normalité et l’amélioration de la mobilité devraient également avoir un effet positif sur des régions telles que le Moyen-Orient et les autres pays d’Asie au deuxième semestre», précise l’Opep.
Meriem Benchaouia