L’une des principales causes de mécontentement des Français est le fonctionnement de la justice qui, d’après une large majorité d’entre eux, fonctionne mal. La thématique de la justice et de son laxisme face à la délinquance notamment avait d’ailleurs été l’un des angles repris par la droite nationaliste incarnée par le Rassemblement National et Reconquête ! le jeune parti politique d’Éric Zemmour. Par ailleurs, de nombreuses pétitions regroupant des centaines de milliers de signatures circulent régulièrement en France pour demander une refonte du système judiciaire, jugé pas assez sévère. Selon un sondage paru cette semaine, 65 % des Français estiment ainsi que les juges ne sont «pas assez sévères» et 73 % que le bilan d’Emmanuel Macron en matière de justice est négatif. Une large majorité de Français estime donc que l’institution judiciaire «fonctionne mal». Un chiffre qui n’a jamais été aussi haut depuis 60 ans, selon un sondage IFOP pour le «Journal du Dimanche». Les sondés sont 65 % à estimer que les juges ne sont «pas assez sévères», un chiffre encore bien plus élevé chez les sympathisants de la «droite radicale» (82 %). En matière de lutte contre l’insécurité, le bilan du président de la République depuis son élection est jugé «négatif» à 69 %, alors que son action en matière de justice est jugée négativement à 73 %. Deux ans après son arrivée au gouvernement, 30 % des sondés jugent «positive» l’action du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, alors que 44 % des personnes interrogées ont une mauvaise opinion de lui. Ce sondage intervient alors que le ministre a entamé lundi dernier une série de consultations avec les citoyens et les acteurs du monde judiciaire dans leur ensemble, dix jours après la remise à Emmanuel Macron du rapport sur les États généraux de la justice, jugée «au bord de la rupture». Les deux principaux syndicats de magistrats, en conflit avec le ministre, ont refusé son invitation. Pourtant, le gouvernement n’a eu de cesse de se présenter comme un gouvernement intransigeant avec l’insécurité en offrant plus de moyens à la police nationale. Mais la justice, indépendante, ne semble pas suivre et ne le fera que si une refonte totale du système venait à être mise en œuvre, comme le demandent les partis politiques de la droite depuis plusieurs années. Mais l’incapacité de Macron de constituer une majorité absolue à l’Assemblée Nationale lui lie encore plus les mains, rendant toute réforme sérieuse très improbable durant ce quinquennat.