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mardi 16 avril 2024

L’attaque de Nantaz a-t-elle seulement eu lieu ?

Israël ne s’est pas plus tôt flatté de ce que selon toute apparence il n’avait même pas accompli, à savoir la panne affectant le circuit électrique du site nucléaire iranien de Nantaz, ce que les Iraniens avait qualifié d’acte terroriste, que les Etats-Unis se sont empressés de se démarquer de lui, en déclarant n’avoir pris aucune part dans l’attaque en question. Une prise de distance qu’ils ont peut-être eu d’autant plus de facilité à effectuer qu’ils doutent que cet autre succès d’Israël dans sa guerre intermittente avec l’Iran se soit réellement produit. Quelques heures après avoir fait état de ce nouveau «sabotage» et l’avoir dûment imputé à Israël, les Iraniens ont annoncé que tout est revenu à la normale à Nantaz. Ce qui du moins semble acquis, c’est que cet acte terroriste, ou supposé tel, la désinformation étant la règle en ces matières, n’a pas revêtu la forme d’une cyber-attaque. Quelqu’un travaillant à l’intérieur du site, que les Iraniens disent d’ailleurs avoir déjà repéré et même arrêté, devait l’avoir accompli. Si cette attaque n’est pas une désinformation iranienne, alors c’est un opposant iranien qui en a été l’auteur. Comme toutes les autres du reste, à l’exception de celle exécutée au virus Stuxnet en 2010, où Américains et Israéliens semblent avoir agi de concert. Et encore, même là il avait fallu qu’une personne, un Iranien forcément, introduise le virus dans le circuit informatique de Nantaz.

On peut être certain qu’à peu près tout ce qu’on impute au Mossad et qui s’est produit en Iran même est en fait l’œuvre des opposants armés au régime iranien. Ces opposants sont des alliés des Israéliens, cela aussi est certain. Pour autant, ce n’est pas de ces derniers qu’il s’agit ici, mais des Américains, dont on peut dire qu’effectivement ils font des pieds et des mains pour pouvoir retrouver leur place dans l’accord de Vienne. Ils s’y essayent depuis l’installation de l’administration Biden, sans y parvenir tout à fait encore. Il faut voir si la réunion d’aujourd’hui à Vienne se déroule comme la précédente, c’est-à-dire sans leur présence dans la même salle que les autres signataires, ou s’ils sont autorisés à prendre place dans celle-ci. Ce point n’est pas encore clair. On comprend dès lors qu’ils aient tenu à lever toute ambiguïté quant à leur éventuelle responsabilité dans le dernier accroc survenu dans le site de Nantaz. Si cela flatte l’égo des Israéliens, qui probablement n’y sont pour rien, eux par contre ont d’autres considérations en vue, d’autres soucis : réintégrer l’accord de 2015, point de passage obligé pour pouvoir dans un deuxième temps le renégocier en tête à tête avec les Iraniens. Du moins croient-ils encore cette démarche en deux étapes bien distinctes praticable. Ce serait bien la première fois qu’une partie prenante obligée de rabattre de sa superbe pour retrouver sa place dans un accord, qu’elle avait quitté de sa propre initiative et en solo, estime pouvoir en modifier les termes à sa convenance à peine franchi ce premier obstacle. Jamais cela ne se produira avec les Iraniens, qui dans cette affaire ne sont pas isolés, puisqu’ils ont le soutien de la Russie et de la Chine. Les Etats-Unis n’obtiendront aucune extension de l’accord déjà existant à des questions comme le programme balistique iranien ou la politique étrangère iranienne. Ce qui par contre est à leur portée, c’est d’abord la levée des sanctions, de toutes les sanctions, puis l’amélioration de leurs relations avec l’Iran. Alors seulement, ils peuvent avoir avec lui des négociations peut-être fructueuses.

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