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mardi 28 novembre 2023

L’Arabie saoudite, le nouvel Etat paria après l’Iran ?

L’Arabie saoudite n’a eu jusqu’à présent aucun motif de se réjouir résultant de l’arrivée d’une nouvelle administration américaine. Peut-être serait-il plus juste de dire, dans son cas plus que dans tout autre : du départ d’une administration avec laquelle elle s’entendait particulièrement bien, en dépit des écarts de langage et de conduite de son chef, Donald Trump. Bien qu’elle n’ait pas été le seul pays à être dans les meilleurs termes avec cette administration, le fait est que jusqu’à présent elle a été la seule à subir et de plein fouet les conséquences de son départ. Pour autant cela ne fut pas une surprise pour elle, Joe Biden n’ayant pas caché au cours de sa campagne qu’il entrait bien dans ses intentions de prendre le contrepied de la politique de Trump dans certaines questions du plus grand intérêt pour elle. Il lui était même arrivé alors de dire qu’elle méritait d’être traitée comme un paria eu égard à la responsabilité de son prince héritier, Mohammad Ben Salman, dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, survenu, on s’en souvient, en octobre 2018 à Istanbul. Ce qui montre bien qu’à ses yeux le crime était résolu. Joe Biden n’était pas encore à la Maison-Blanche qu’elle apprenait par la bouche d’Avril Haines, lors de l’audition de celle-ci par le Congrès en vue de sa confirmation dans le poste de directrice du renseignement américain, que le rapport sur l’affaire Khashoggi serait bel et bien déclassifié, comme le bruit en avait couru.
Une déclassification n’est jamais quelque chose d’anodin, à plus forte raison si les documents à porter à la connaissance du public portent sur les tenants et aboutissants d’un assassinat qui en son temps avait épouvanté le monde. En soi déjà cette annonce n’augurait rien de bon pour l’Arabie saoudite. Or elle ne constitue pas le seul retournement de l’ami américain dans la foulée du changement à la tête de ses instituions. Il en est deux autres, ayant rapport l’un comme l’autre à cet ennemi principal qu’est l’Iran. Le premier stipule le retour des Etats-Unis à l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien, et le deuxième met fin au soutien militaire américain dans la guerre au Yémen. Soutien qui ne remonte pas d’ailleurs à Trump mais à Obama, ce qui déjà tend à démentir l’idée que le mandat de Biden ne serait en réalité qu’un troisième mandat pour celui-ci. L’Arabie saoudite n’étant pas seule à rejeter sans appel l’accord de Vienne, elle ne se retrouvera pas seule à exiger son abandon de nouveau ou sinon son durcissement. Elle peut compter sur Israël pour mener ce combat avec elle. Elle ne sera pas seule non plus à subir les conséquences de l’arrêt du soutien militaire américain au Yémen, puisque cette guerre, elle la mène à la tête d’une coalition, même si le Yémen est à ses frontières et que la menace houthie pèse sur elle en premier lieu. Mais justement, les Etats-Unis ne l’abandonnent pas totalement dans cette affaire, puisqu’ils conservent la part de leur aide destinée à assurer sa défense contre les attaques houthies. Ils ne mettent fin qu’à celle dont elle se servait dans ses propres attaques contre les Houthis. Cette aide d’ailleurs, elle a les moyens de s’en passer totalement. Elle n’aurait pour cela qu’à rechercher ailleurs les armes que les Américains lui refuseraient. Sauf que si elle faisait ce choix, s’approvisionner chez les ennemis des Etats-Unis, elle risque de provoquer leur ire, ce qui sans doute n’arrangerait rien dans l’affaire Khashoggi.

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