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dimanche 26 mars 2023

L’administration Biden tient un nouveau langage à Kiev

A en croire le journal le Washington Post, l’administration Biden conseillerait Kiev dans le privé de faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit envers la négociation avec Moscou, au lieu de la conditionner au départ de Vladimir Poutine du pouvoir en Russie. Les officiels américains lui ayant fait cette confidence expliquent leur nouvelle attitude, ajoute le journal, par leur souci de faire en sorte que l’Ukraine ne perde pas le soutien que lui apportent nombre de pays à travers le monde, mais dont les opinions publiques s’inquiètent de plus en plus des répercussions sur leur niveau de vie d’une guerre qui se prolongerait indéfiniment, alors que nombre de ses effets se font déjà lourdement ressentir. Ainsi en est-il par exemple des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui déjà grèvent lourdement les budgets de la majorité des foyers dans le monde. Pour autant, il ne s’agirait pas pour l’administration Biden de pousser ce faisant les Ukrainiens vers la table de négociation, d’autant que pas plus qu’eux elle ne croit les offres russes en ce sens, mais de bien comprendre qu’ils ne peuvent pas continuer d’ignorer le rejet de la guerre exprimé par une majorité de la population mondiale.

Il y a là une fatigue générale que les Russes auraient comprise et qu’ils s’ingénieraient à tourner à leur avantage. Aux Ukrainiens de faire de même, s’ils ne veulent pas épuiser la patience des gens les mieux disposés à leur égard. L’hiver arrive qui pourrait bien hâter ce retournement dont nombre de signes se voient déjà. Aux Etats-Unis par exemple, il n’y avait au début de la guerre que nettement moins de 10% de républicains qui n’étaient pas d’accord avec le soutien sans limite à l’Ukraine. Ils sont maintenant, à la veille des élections de mi-mandat, 48%. Aujourd’hui quelques-uns de leurs ténors en font un argument de campagne : s’ils arrivaient au pouvoir, eux ne signeraient pas un chèque en blanc aux Ukrainiens. Les démocrates ne sont pas en reste, dont une partie s’alarme d’une politique qui entretient la guerre au lieu de se concentrer sur la recherche d’une solution pacifique. Une trentaine de leurs congressistes ont écrit une lettre dans laquelle ils engageaient l’administration à rectifier le tir, mais qu’ils se sont résolus finalement à ne pas envoyer, par crainte d’affaiblir davantage leur camp dans la perspective des élections du 8 de ce mois. Enfin, des dirigeants de premier plan dans le monde, comme Lula qui vient d’être réélu, le Premier ministre indien, le président chinois, le président sud-africain, et d’autres encore, se sont depuis le début cantonnés dans une neutralité qui a pu surprendre certains au départ mais dont on voit maintenant toute la sagesse, en plus de sa constance. Le monde n’a pas voulu condamner la Russie, encore moins rompre avec elle comme l’ont fait la plupart des pays occidentaux, ayant compris ses motivations dans cette guerre. Il ne l’a pas approuvée pour autant. Reste que les Occidentaux ont échoué à
l’isoler, et que 8 mois de guerre suffisent pour s’en faire une raison. Les conseils que l’administration Biden donne maintenant en privé aux alliés ukrainiens dépassent selon toute apparence le moment présent, dominé par les élections de demain. Même si son camp remportait celles-ci, elle continuerait vraisemblablement à les prodiguer.

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