La guerre en Syrie, une guerre mondiale aux apparences de guerre civile, a-t-il été souvent dit ici, tend vers sa fin depuis quelque temps déjà, mais il ne sera possible d’affirmer que cette page est entièrement tournée que lorsque toutes les forces étrangères auront quitté le pays. Il en existe encore au nord, à l’est comme à l’ouest, en provenance de la Turquie voisine, et d’autres de beaucoup plus loin, des Etats-Unis, mais qui ne sont quant à elles que des centaines. Aucune de ces forces n’est maintenue sur place pour contrer en quoi que ce soit Damas, mais en opposition soit à une éventuelle résurgence des groupes terroristes internationalistes, Daech notamment, et c’est à cette tâche que se voue en principe le millier de soldats américains stationnés au nord-est, soit pour repousser loin de la frontière turque les groupes kurdes, dont Ankara affirme qu’ils sont en réalité des émanations du PKK. Les signes venant d’Ankara ne manquent pas qui montrent son désir d’une normalisation de ses relations avec la Syrie.
Tout récemment encore un dirigeant du parti au pouvoir en Turquie révélait que le président Recep Tayyip Erdogan ne demanderait pas mieux que de rencontrer son homologue syrien, Bachar Al Assad. D’où il est facile de conclure que si cette rencontre n’a pas encore eu lieu, ce n’est pas de la faute du président turc, mais en raison d’un refus de la partie syrienne. Ce que veulent les Syriens en premier lieu, ce n’est pas se réconcilier avec les Turcs mais que ceux-ci retirent leurs soldats. Après cela seulement, le rétablissement des relations diplomatiques et autres serait envisageable. Mais si la guerre commencée en 2011, à laquelle bien des pays étrangers ont pris part, semble tout près de sa fin, il n’en est pas de même d’une autre qui pour sa part s’amorce, et qui si elle devait s’affirmer opposerait Israël à l’Iran et à son allié syrien. Régulièrement Israël bombarde des positions iraniennes en Syrie, ce qui déjà dit assez qu’il est en guerre contre l’Iran, bien qu’il soit encore le seul à porter des coups, jusqu’à présent Iraniens et Syriens les accusant seulement, estimant le moment non encore arrivé de leur répondre. Ainsi donc, une guerre ne prend fin en Syrie que pour laisser la place à une autre, dont de surcroît tout indique qu’elle sera elle aussi de dimension régionale et mondiale. Le jour où l’Iran décidera de répondre aux attaques israéliennes, du même coup la guerre en préparation entre les deux pays sera déclarée. L’un de ses champs de bataille sera à coup sûr la Syrie, où d’ailleurs elle se déroule déjà, quoiqu’à sens unique. En attendant qu’elle éclate en grand, car on voit mal comment il serait possible de l’éviter, Israël la voulant à tout prix et de plus le plus rapidement possible, remarquons que si les forces étrangères encore présentes en Syrie se retiraient, l’Etat syrien n’aurait pas grand mal à rétablir son autorité sur l’ensemble de son territoire, sachant qu’aujourd’hui il n’en contrôle que les deux tiers. Du jour au lendemain, l’Etat syrien retrouvera pour ainsi dire toutes ses marques, sur beaucoup de ruines, certes, toute son autorité sur l’ensemble de son territoire. C’est que cet Etat ne s’est pas effondré au cours de ces années de guerre. Pour cette raison, la Syrie est restée gouvernable. On ne peut en dire autant ni de l’Irak ni de la Libye, qui pourtant ne sont pas en guerre, mais dont les Etats ont été détruits dans la phase antérieure.