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vendredi 24 mars 2023

La Russie reconnaît l’indépendance des séparatistes en Ukraine: Après des mois de tensions diplomatiques, Poutine passe à l’offensive

La situation en Ukraine a encore franchi un cap lundi soir, avec la déclaration de Vladimir Poutine qui a reconnu les Républiques indépendantes de Donetsk et Lougansk.

Par Meriem Benchaouia

Après des mois de menaces et de tensions diplomatiques, Vladimir Poutine a annoncé, dans une allocution à la télévision russe, l’indépendance des territoires séparatistes pro-russes, à l’est de l’Ukraine. Il a également ordonné à son armée russe de «maintenir la paix dans les territoires prorusses d’Ukraine» en défiant les Occidentaux dont les relations avec Moscou traversent la pire crise depuis la fin de la Guerre froide en raison de la situation autour de l’Ukraine. Il a signé dans la foulée les accords avec les dirigeants de ces deux territoires, parrainés depuis huit ans par la Russie dans la guerre qui les opposent à Kiev. Le contenu n’a pas été dévoilé. Cette décision ouvre la voie à un appel à l’aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu’Etats souverains et donc l’entrée de forces russes dans ces régions. Le scénario a un précédent : en 2008, le Kremlin a reconnu l’indépendance de deux «Républiques» séparatistes prorusses en Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, après une guerre éclair contre Tbilissi, ex-République soviétique qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’Otan. Durant l’allocution, il est apparu visiblement remonté voire menaçant à l’égard des autorités ukrainiennes, accusées de s’en prendre aux Russes et russophones du pays, les accusant une fois encore d’orchestrer «un génocide qui touche quatre millions de personnes». Il a aussi évoqué un scénario selon lequel l’Ukraine pourrait se doter de l’arme nucléaire, car elle en a, selon lui, les capacités techniques du fait de son héritage soviétique.

Moscou toujours «prête» aux négociations avec Blinken
La Russie a assuré hier être toujours « prête » aux négociations avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui doit rencontrer, jeudi à Genève, son homologue russe Sergueï Lavrov, après la reconnaissance par Moscou des régions séparatistes ukrainiennes prorusses. «Même aux moments les plus difficiles… nous disons : nous sommes prêts au processus de négociations, c’est pourquoi notre position est restée la même (…). Nous sommes toujours pour l’utilisation de la diplomatie», a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, dans des commentaires diffusés sur Youtube.

Large condamnation à l’ONU
L’ONU et une majorité de membres du Conseil de sécurité de tous les continents, Etats-Unis en tête, ont dénoncé, lundi, lors d’une réunion d’urgence à New York, la décision de la Russie. La désignation de l’armée russe, par le président Vladimir Poutine, en «force de maintien de la paix» pour justifier son entrée dans les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, est «un non-sens», a déclaré l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield. La secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, avait au préalable vivement «regretté» les décisions et actions de la Russie. «Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix», a-t-elle réclamé lors de la réunion organisée à la demande notamment des Occidentaux. Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont fait part de leur condamnation des derniers développements, à l’instar de la France, de la Norvège ou de l’Irlande, dont l’ambassadrice, Geraldine Byrne Nason, a vivement critiqué Moscou.

L’UE veut sanctionner «des intérêts russes», Washington promet «une réponse ferme»
L’UE a qualifié la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes par Moscou de «violation flagrante du droit international» et va sanctionner «ceux qui sont impliqués» dans cette décision, ont annoncé, lundi tard dans la soirée, les chefs de l’UE. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a lui aussi promis des sanctions «importantes». Les Etats-Unis ont promis, par ailleurs, une réponse «ferme» et «rapide» à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de régions séparatistes en Ukraine, dévoilant de premières sanctions contre ces territoires et menaçant d’une riposte plus ferme en cas d’escalade. En guise de riposte, le président Joe Biden a publié un décret qui interdit tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions pro-russes de Donetsk et Lougansk, dans le sud-est de l’Ukraine.

L’Allemagne suspend Nord Stream 2 et menace d’autres sanctions
Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé, hier, suspendre l’autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, et menacé «d’autres sanctions». «Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service», a déclaré M. Scholz lors d’une conférence de presse à Berlin avec le Premier ministre irlandais Micheal Martin, ajoutant que le dossier allait être «réexaminé» par le gouvernement allemand. «J’ai demandé au ministère de l’Economie et à l’agence fédérale de certification du projet de suspendre leurs travaux de certification», a précisé Olaf Scholz. Le chancelier allemand a en outre prévenu que «d’autres sanctions» contre la Russie pourraient suivre, en cas d’aggravation de la situation en Ukraine, et d’ores et déjà averti que l’Union européenne allait adopter des sanctions «massives et robustes».
M. B.

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