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vendredi 19 avril 2024

La ruée vers la France continue: Dr Ilyes Akhamoukh : «Il faut agir vite pour limiter l’exode de nos médecins»

L’Algérie se vide de ses compétences, principalement issues de l’élite. Des Algériens qualifiés, diplômés, désertent leur pays pour aller s’expatrier de l’autre côté de la Méditerranée. Le pays a connu une véritable saignée, notamment depuis le début des années 1990. La destination favorite des cerveaux fuyant à l’étranger est la France.

Par Meriem Benchaouia

Des milliers de médecins diplômés en Algérie exercent la profession de médecin sur le territoire français en raison de la multiplication des offres d’emploi à l’étranger et particulièrement l’augmentation à 2 700 des postes de médecins ouverts aux étrangers par la France. Ces chiffres montrent que la fuite des cerveaux algériens est plus que jamais d’actualité et met le doigt sur un autre point important : ceux qui partent ne reviennent pas toujours, ce qui représente une vraie perte de savoir et de richesse intellectuelle pour l’Algérie. Sachant que certaines régions souffrent d’un cruel déficit de thérapeutes, la fuite des médecins et praticiens de la santé algériens vers l’étranger est un «véritable gâchis». A cet effet, le Dr Ilyes Akhamoukh, chef de service des maladies infectieuses au niveau de l’Etablissement public hospitalier de Tamanrasset, a appelé à «agir vite», avec des mesures incitatives pour garder cette «matière grise» au niveau national. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio nationale, le Professionnel de santé a alerté sur une hémorragie cataclysmique des médecins spécialistes vers la France et autres pays européens. Selon lui, «il faut faire vite, non pas pour arrêter l’exode de nos médecins vers l’étranger, mais pour limiter cette hémorragie». En dépit de l’amélioration des conditions globales de travail dans les établissements hospitaliers, le manque de moyens et de prise en charge démotivent nos médecins dans la plupart des villes algériennes, a déploré l’invité. «A l’intérieur du pays, nous avons une carence de moyens techniques. Des radiologues ne veulent pas travailler dans certaines villes à cause de l’absence d’IRM. Car travailler des années durant sans matériel, c’est perdre sa formation», a-t-il dit en énumérant d’autres contraintes socio-économiques, à l’instar des problèmes de logement, de rémunération, de transport… A noter qu’en octobre dernier, l’Ordre des médecins algériens s’était alarmé sur les départs massifs et inquiétants des médecins radiologues, néphrologues, anesthésistes-réanimateurs et surtout des psychiatres, et les femmes sont de plus en plus nombreuses à choisir la voie de l’expatriation.

Paludisme : augmentation sensible des cas en 10 ans
L’intervenant a particulièrement insisté sur la nécessité d’élaborer une stratégie pour inciter les médecins à s’installer dans les wilayas du Sud et frontalières, où le risque de réémergence de maladies infectieuses importées n’est pas à écarter. «Avec le réchauffement climatique et l’instabilité politique au Sahel, des maladies tropicales risquent de s’introduire en Algérie», a-t-il prévenu, indiquant qu’une augmentation sensible des cas de paludisme, de 150 cas en moyenne à 1 000 cas, a été enregistrée en 10 ans. Lyes Akhamoukh a insisté sur la prévention qui est la meilleure façon de se protéger contre ces maladies infectieuses. «En matière d’infrastructures, il y a une réelle avancée dans ces wilayas, mais je pense que la locomotive est toujours le facteur humain», a-t-il souligné, réitérant son appel à une meilleure prise en charge du personnel médical pour soigner les Algériens.

M. B.

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