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vendredi 29 mars 2024

La récompense de Trump à ses fans

Du temps où les démocrates américains tenaient par-dessus tout à ramener Donald Trump à sa véritable dimension, ce qu’ils avaient d’ailleurs commencé à faire avant même qu’il n’entre à la Maison-Blanche, en expliquant dès ce moment son élection par le soutien des Russes, ils n’arrêtaient pas de dire qu’il n’était pas la cause du mauvais coton que filait leur pays mais juste le symptôme des maux qui l’assaillaient. Ils auraient pu tout aussi mettre son élection sur le compte de ces derniers plutôt que sur l’immixtion supposée des Russes dans la présidentielle de 2016. Mais il n’y a qu’à voir la façon dont ils le vouent maintenant aux gémonies, suite à l’envahissement du Capitole, le siège du pouvoir législatif, par des escouades de ses partisans mercredi 6 janvier, au moment même où se déroulait la séance de ratification par le Congrès de la victoire de Joe Biden, pour se rendre compte qu’il n’est plus à leurs yeux le sous-produit de quelque chose d’autre qui le dépasse mais bien la cause de ce qui ne va pas dans leur pays. A l’évidence, son élimination de la scène politique, sinon sa liquidation physique tout bonnement, est devenue du jour au lendemain une de leurs priorités, à supposer que ce ne soit pas leur priorité absolue. Quand le mandat du couple Joe Biden-Kamala Harris n’aurait servi qu’à le mettre hors d’état de nuire, il n’aurait pas été inutile de leur point de vue, ni de celui de la partie des républicains horrifiés par la violation du temple par une horde à sa dévotion.

Jusqu’à cette irruption de la plèbe dans le saint des saints, on pouvait croire que le mandat de Biden serait dans le court terme consacré à la lutte contre la pandémie, et au-delà à réconcilier les Américains entre eux, de manière à ce que la parenthèse Trump se ferme pour ainsi dire d’elle-même, comme par surcroît. L’homme Trump pourrait continuer dans cette optique d’exister et même de faire des siennes, mais pas le trumpisme qui lui se serait dissipé sous l’effet de cette double thérapie, lui peut-être plus sûrement que l’épidémie. Depuis son échec du 3 novembre, Trump était dans le coup d’après, tout en donnant le sentiment de ruminer sa défaite, de lécher ses plaies, de s’abîmer dans le désespoir. Ses adversaires n’ont pas vu venir ce qui rétrospectivement aurait dû leurs crever les yeux : l’assaut lancé de nuit sur le Capitole. Pas d’Oies Sacrées cette fois-ci pour donner l’alerte comme dans la Rome antique. Aveuglés par leur victoire, les démocrates étaient à mille lieues de se douter de ce qui pourtant se préparait sous les fenêtres du Capitole, à leur nez et à leur barbe. Dans quel autre but Trump aurait-il sinon appelé ses partisans à se réunir si près de ce dernier et au moment où on le dépouillait lui de son
pouvoir ? Seraient-ils venus, ces inconditionnels, de si loin pour certains, juste pour scander par leur furie le triomphe de l’adversaire ? Trump se devait de les récompenser de leur dévouement, aussi bien pour les en remercier que pour maintenir entière leur mobilisation, la partie n’étant pas encore de son point de vue terminée. Cette récompense devait être éclatante, inestimable, inoubliable, jouissive : l’envahissement de la Maison interdite, l’entrée dans le tabernacle, pour voir l’idole sur son trône. Et faire un selfie avec elle.

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