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samedi 20 avril 2024

La rapide détérioration des relations sino-américaines

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken n’a eu d’autre choix que d’annuler sa visite programmée en Chine après que les Etats-Unis ont abattu le ballon chinois le 4 février dernier au large de la Caroline du Sud. Il s’en est trouvé dans son pays des gens pour considérer que c’était là commettre coup sur coup deux erreurs, alors qu’une seule suffisait, celle consistant dans l’emploi des grands moyens contre un aéronef ne présentant de l’avis général aucun danger, mais qu’il fallait éviter d’en commettre la deuxième sur la même lancée, celle ayant pris la forme de l’annulation d’un voyage qui aurait pu au contraire servir à réparer au moins en partie la première. Aux Etats-Unis tout le monde sait bien que si le président Joe Biden s’est décidé pour faire abattre le ballon, c’est seulement pour des raisons de politique interne : il ne voulait pas que l’on voie en lui un président manquant de fermeté vis-à-vis de la Chine, lui qui alors guettait le bon moment pour annoncer sa candidature en vue d’un deuxième mandat. Reste qu’aujourd’hui la question se pose de savoir ce qu’il ferait si c’était à refaire. C’est qu’il n’est pas évident qu’il prendrait la même décision.

Toujours est-il qu’à Munich, cette semaine, loin d’esquisser un rapprochement avec son homologue chinois, comme on aurait pu s’y attendre, le secrétaire d’Etat américain s’est montré plutôt acerbe vis-à-vis de la Chine, dont il a dit qu’elle était fort tentée de livrer des armes à la Russie, ce dont le cas échéant elle aurait à s’en repentir. Ce n’est pas la première fois, certes, que les Etats-Unis parlent de la Chine en ces termes désobligeants, mais c’est la première fois qu’ils la menacent sans ambages de graves sanctions économiques dans le cas où elle fait en direction de la Russie ce que l’Iran est accusé de faire déjà : fournir des armes à cette dernière. Lors de leur rencontre à Munich, Blinken n’a en fait eu aucun geste visant à atténuer la crise engendrée par l’incident du ballon. La réponse de Wang Yi, relativement à la guerre en Ukraine, a été pour dire que son pays ne se considérait pas comme une de ses parties prenantes, et qu’en conséquence il n’entendait ni l’alimenter ni la prolonger dans le temps. Il s’est gardé d’ajouter à l’adresse de Blinken : contrairement à votre pays, qui lui y est déjà plongé jusqu’au cou. Mais c’est bien là ce qu’il laissait entendre, et qui sans doute n’a pas échappé à son interlocuteur. A aucun moment, ni à la tribune de la conférence ni en face-à-face, il n’a été question d’une prise de distance mutuellement acceptée, mais il est évident que cette première rencontre après l’épisode du ballon n’a en rien réchauffé leurs relations. Bien au contraire, celles-ci en sont sorties plus dégradées encore. C’est que l’ombre de la guerre, et plus encore la crainte des Etats-Unis que la Chine finisse par basculer dans le camp russe, s’inscrit en faux contre leur normalisation sans plus attendre. Or c’était là la perspective la plus probable, l’administration Biden, à la différence de la précédente, ayant pour politique justement de maintenir des rapports viables avec la Chine, tout en voyant elle aussi en elle le principal ennemi des Etats-Unis.

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