LA QUESTION DU JOUR

Le 3 novembre : une élection américaine d’intérêt mondial

A trois mois désormais d’une présidentielle américaine capitale à la fois pour les Etats-Unis et pour le reste du monde, il va de soi que bien des questions brûlantes du moment vont devoir être figées dans leur état présent en attendant que les Américains fassent leur choix entre Donald Trump et Joe Biden. Jusqu’à un certain point, entre ce qu’ils savent, et qui est représenté par le président sortant, et ce qu’ils ignorent dans une bonne mesure et qu’incarne son rival, Joe Biden. Seuls les électeurs américains, pour ceux d’entre eux d’ailleurs qui voudraient bien se donner cette peine, ont voix au chapitre en la matière alors que les implications de leur choix seront internationales. Pour nombre de peuples plongés dans une crise qui s’éternise, comme c’est dans notre région le cas de la Syrie, de la Libye ou du Yémen, il n’est pas indifférent que Trump soit réélu ou qu’un autre le remplace à la Maison-Blanche. Ainsi de la Syrie : qu’est-ce qui serait préférable pour elle, le premier cas de figure ou le second ? Bien entendu, ce qui serait bon pour une partie des Syriens ne conviendrait pas nécessairement aux autres. Pour le régime en place, il se peut bien que Trump soit un moindre mal, du moins d’un certain point de vue. Dans la bouche de Biden, en effet, qui n’a pas encore précisé sa politique syrienne, on retrouve aussi bien des accents va-t-en guerre à la Clinton que d’autres plus sophistiqués ou plus ambigus à la Obama.
 

D’un autre côté, Biden est préférable, puisqu’il a déjà fait savoir qu’il renouerait le dialogue avec l’Iran, ce qui est indirectement bon pour Damas. Pour l’Iran, donc, il n’y a rien de pire qu’une réélection de Trump, le spectre d’un embrasement du Golfe s’en trouvant renforcé dans cette éventualité. Si les monarchies du Golfe avaient en revanche le droit de voter, nul doute qu’elles feraient un triomphe à Trump, comme on peut s’en rendre compte sur l’exemple des Emirats arabes unis qui ont attendu d’être en vue de la présidentielle pour lui faire ce cadeau princier de leur normalisation avec Israël. Mais s’il est un pays pour qui le choix entre Trump et Biden serait particulièrement difficile, c’est bien la Chine, promue récemment au rang de menace principale, en lieu et place de la Russie, statut revenant exclusivement à cette dernière lors de la présidentielle de 2016, et même quelque temps plus tard. Et encore, en 2016, Trump et Clinton n’étaient pas d’accord sur l’attitude à observer vis-à-vis de la Russie, alors que maintenant la classe politique américaine est unanime pour voir dans l’empire du Milieu l’ennemi à abattre. Si bien que les Chinois ne sauraient qui choisir si par extraordinaire ils étaient admis à donner leur avis le 3 novembre prochain. Ceux qui par contre n’hésiteraient pas un instant entre Trump et Biden, ce sont les Européens dans leur grande majorité, pêle-mêle gouvernants et gouvernés. Pour eux la réélection de Trump est quelque chose d’aussi grave que pour les ennemis jurés compatriotes de Trump. Des voix il n’en manquerait pas à Biden en Europe. C’est même là qu’il en aurait beaucoup plus que son rival. Et pour cause, Trump est le premier président américain à traités en ennemis les Européens, un affront qu’ils ne sont pas près d’oublier. Il leur a même préféré les Russes, ce qui est tout de même un comble. Ils voteraient Biden des deux mains à titre de représailles. D’autant qu’il avait parlé de les réhabiliter en tant qu’amis s’il était élu. Voilà une importante réserve de voix dont il ne bénéficierait pas le 3 novembre.