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jeudi 18 avril 2024

La prise en charge des cancéreux fait toujours défaut / Pr Abid : «Le véritable problème du Plan cancer actuellement c’est sa mise en œuvre»

Ces dernières années, le nombre de personnes atteintes d’un cancer a fortement progressé et les chiffres sont en constante augmentation. Des milliers de nouveaux cas sont enregistrés annuellement, selon les spécialistes. Pourtant, les cancéreux ne bénéficient d’aucune couverture sociale, ni psychologique ni même celle d’accompagnement pour leur assurer une fin de vie en toute dignité. Et pour cause, certains acteurs directement concernés ne s’impliquent toujours pas, ou partiellement, dans ce dossier. Il ne suffit pas d’organiser des campagnes de dépistages, car celles-ci doivent être systématiquement suivies en cas de diagnostic positif d’une prise en charge et d’un accompagnement thérapeutique du patient. Dans ce sens, le président de la Société algérienne de chirurgie digestive et hépatobiliaire (AACDHB) a fait savoir, hier matin, les conséquences sociales et financières induites par cette maladie. «Regardons autour de nous, il n’y a pas une famille qui n’est pas atteinte, de près ou de loin, par un proche qui a eu le cancer, qui est décédé du cancer ou qui est en cours de traitement contre le cancer». S’exprimant sur les ondes de la Radio nationale, l’invité a appelé à une meilleure mise en œuvre du Plan cancer. «Tout cela fait que le cancer est un problème que l’on devrait prendre beaucoup plus au sérieux», a expliqué le Professeur qui a estimé, a cet effet, que «le véritable problème du Plan cancer actuellement c’est sa mise en œuvre». Selon lui, l’augmentation constante des cas de cancer montre «à quel point cette pathologie est en train de prendre une grande ampleur, avec des conséquences sociales et financières pour la prise en charge des patients». «Même s’ils sont pris en charge par les différentes structures hospitalières de l’Etat, beaucoup d’examens complémentaires tels que les IRM, scanner et bilans biologiques sont faits dans le privé et sont à la charge du patient», a-t-il dit. D’après lui, la première version du Plan cancer, élaborée dans l’urgence en 2012, alors que l’Algérie connaissait de grandes difficultés pour répondre à la demande de radiothérapie, n’était pas au point. Le Pr Abid a rassuré : «Ce plan a fait l’objet d’une évaluation par les autorités et par le Pr Zitouni qui a été ensuite désigné comme coordinateur pour justement réaliser un véritable Plan cancer». «Le Plan cancer reste, à ce jour, un document parfaitement intéressant, sauf qu’il risque, si on continue comme ça, de terminer dans un tiroir comme de nombreux autres plans en Algérie», a mis en garde le spécialiste. «On ne parle de dépistage que lorsqu’on est au mois d’octobre rose, ou à l’occasion du mois de mars bleu pour le cancer colorectal, mais entre-temps, il ne se passe pratiquement rien», a-t-il regretté. «L’Algérie a fait un bond extraordinaire en termes de prise en charge du cancer, mais il n’y a pas encore de maturation de cette politique», a-t-il constaté. Il a relève, à cet effet, que des disparités dans l’implantation des centres anti-cancer et des accélérateurs pour la radiothérapie à travers les différentes wilayas du pays. «Alger ne compte que 3 accélérateurs pour une population de plus de 3 millions d’habitants, alors
qu’une wilaya comme Béchar, qui compte 600 000 personnes, dispose également de 3 accélérateurs. Or, l’OMS préconise un accélérateur pour 500 000 habitants», a-t-il expliqué. Face à ce constat, il a appelé à réduire la part de la bureaucratie dans la gestion des structures de santé.
Meriem Benchaouia

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