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vendredi 1 décembre 2023

La priorité des Américains

Tout le monde avait cru dans un premier temps que la priorité de la nouvelle administration américaine au plan extérieur, sur la foi des déclarations de Joe Biden faites pendant la campagne mais aussi après son élection, c’était l’Iran, son programme nucléaire et les menaces qu’ils feraient l’un et l’autre peser sur la paix dans le Golfe et au Moyen-Orient. On a appris récemment qu’il n’en était rien, que la véritable priorité des Etats-Unis hors de chez eux, vu qu’ils n’en manquent pas non plus intra muros, de plus pressantes encore, c’était la fin de la guerre au Yémen. Ici il faut bien s’entendre : cette priorité n’est pas la paix au Yémen, mais seulement l’arrêt des hostilités dans ce pays. Dans ce cas précis bien plus que dans d’autres, ces deux objectifs ne sont pas les mêmes. S’agissant de ce malheureux pays, tout de même le seul dont l’histoire a tenu à rapporter qu’il avait été autrefois tellement heureux, une chose est de geler les combats, une autre de rompre définitivement avec eux. D’ailleurs le président américain a été on ne peut plus clair sur ce
point : «This War has to End», a-t-il bien articulé pour une fois, d’une voix et d’un air ne souffrant pas de réplique. Et d’annoncer que son pays arrêtait son soutien militaire à la coalition emmenée par l’Arabie Saoudite, cet arrêt ne concernant toutefois que les opérations à l’initiative de cette dernière.

Et comme si cela pouvait encore prêter à confusion, voilà le secrétaire d’Etat Anthony Blinken qui appelle son homologue saoudien pour s’assurer que le message était passé, que les Saoudiens avaient bien compris quelle était la priorité des Américains. Que ceux-ci tiennent par-dessus tout à faire cesser la guerre, c’était déjà évident quand ils s’étaient hâtés de faire ressortir les Houthis de la liste des organisations terroristes où l’administration sortante les avait inscrits juste avant de quitter ses fonctions. Pour la nouvelle administration, comme pour l’ONU, c’était là une sorte de machine infernale qu’il fallait désamorcer sans plus attendre. L’expression «acte terroriste» n’a pas été employée en l’occurrence, mais elle a été assez nettement suggérée. Pour l’administration Biden, cette décision est aussi diabolique que si elle avait été le fait d’un ennemi extérieur. La promptitude qu’elle a eue à l’annuler en atteste. Nul doute pourtant que qualifier les Houthis de terroristes n’est pas une fausseté particulièrement révoltante, même si elle ne va pas de soi du point de vue purement formel. Ce sont eux qui sont responsables de cette guerre qu’il faut à tout prix arrêter, ce ne sont pas les Saoudiens, qui n’y sont entrés que plusieurs mois après son déclenchement, et pour empêcher la chute de Aden après celle de Sanaa. Du côté de la coalition arabe, cette guerre a été purement défensive. Son objectif était de faire en sorte que tout le nord et l’ouest du Yémen ne tombent entre les mains des Houthis, qui d’ailleurs en contrôlent la plus grande partie. Qu’ils entrent dans Aden, et c’est quasiment tout ce qu’on appelle le nord du Yémen qui se trouve conquis par eux. Les Houthis ne sont peut-être pas des terroristes, mais à coup sûr ce sont des fanatiques, des envahisseurs et des conquérants. Les Etats-Unis, et avant eux l’ONU, ont récusé leur qualification de terroristes par crainte de ce qu’il peut en résulter pour le peuple yéménite, qui déjà subit la pire des crises humanitaires de ces dernières décennies.

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