Que sait-on du nouveau variant Omicron, à part le fait que l’OMS le qualifie de «préoccupant», ce qui dans son vocabulaire mesuré est synonyme de «dangereux», à supposer que ce ne soit pas de «très dangereux» ? Il se trouve que la même OMS qui sonne le tocsin comme elle ne l’a jamais fait auparavant, ayant plus tendance à rassurer qu’à faire peur, n’apprécie pas que l’Afrique du Sud, qui tout de même a joué la transparence, ce qui est tout à son honneur, le paye par une mise en quarantaine dont les conséquences pourraient être dramatiques pour son économie. Ce que les laboratoires à travers le monde cherchent à déterminer pour le moment, c’est si Omicron est seulement plus transmissible, ce qui n’est pas encore prouvé, même si des indices le laissent le supposer, s’il provoque des infections plus graves que Delta, et plus important que tout, s’il peut échapper à la protection vaccinale. Qu’il présente plus de mutations que ses prédécesseurs, que Delta en particulier, semble être la seule chose qu’on sache avec certitude de lui jusqu’à présent. Ce n’est pas là à vrai dire une découverte étonnante. C’est le contraire qui l’aurait été, que venant en dernier, il affiche malgré tout moins de mutations que les précédents.
Les experts nous ayant dit et répété que les mutations ne conduisent pas nécessairement du moins virulent au plus virulent, il n’est pas encore interdit de penser que le nouveau variant se révèle en définitive moins dangereux à tous égards que Delta, qui lui a déjà conquis le monde. A noter que ce n’est pas par son innocuité qu’il a évincé ses concurrents mais bien par sa plus grande nocivité. Ce n’est pas la première fois qu’un variant semble plus contagieux que Delta. Mu, le variant détecté en Colombie, a donné au début de cette année, des inquiétudes à l’OMS, avant de disparaître de la circulation. Il est vrai que lui n’a pas été qualifié de «préoccupant» mais seulement de «variant d’intérêt», de variant à surveiller autrement dit. Pour l’OMS les mots ont un sens. N’empêche, Mu avait semblé au moins plus transmissible que Delta, sans pouvoir ensuite prendre le pas sur lui, pas plus en Colombie qu’ailleurs. Par rapport à ses prédécesseurs, Delta a été en revanche à la fois plus transmissible et plus virulent. Il n’a pas enfoncé la barrière vaccinale pour autant. Pas un variant voyant le jour qui ne soit suspecté de cette aptitude. On l’avait prêtée à Mu avant qu’il s’en montre dépourvu. L’état d’alerte qui règne aujourd’hui vient de ce qu’Omicron, vu le nombre et la nature de ses mutations, n’a pas encore apporté la preuve de son incapacité à passer à travers les mailles des vaccins. Tout serait à refaire sinon. Les vaccins et les campagnes de vaccination. Et les confinements. La hausse des prix, mais la chute des prix du pétrole, l’effondrement du tourisme, la fermeture des frontières. Tout cela en grand, vu que bien des pays n’ont pas attendu que les craintes relatives au nouveau variant se confirment pour renouer avec les restrictions. Pour lutter contre les prix de l’énergie, il n’y a pas mieux qu’une pandémie. C’est l’entrée en scène d’Omicron qui a fait reculer le prix du baril, non pas le prélèvement sur leurs réserves stratégiques auquel se sont résolus dernièrement les Etats-Unis. Une guerre des prix unique dans son genre qui à elle seule se serait plutôt retournée contre ses initiateurs.