Depuis le 11 mars 2020, le jour où l’Organisation mondiale de la santé s’est résolue après bien des hésitations à déclarer l’état de pandémie, jusqu’au jour d’aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Cela ne fait pourtant même pas une année et demie de la première crise sanitaire mondiale après celle de la grippe espagnole, dont on pense en général qu’elle avait fait entre 20 et 50 millions de morts, sur une période estimée à trois années seulement. La pandémie de Covid-19 n’a quant à elle causé la mort que d’un peu plus de 4 millions de personnes à travers le monde, à s’en tenir aux chiffres rapportés par les différents pays, dont l’OMS est la première à penser qu’ils seraient inférieurs de moitié à ce qu’il en est réellement. On est encore loin du bilan de la grippe espagnole, si l’on n’est encore qu’à la moitié du temps dont elle avait disposé elle-même pour accomplir son œuvre. Qu’en sera-t-il si la pandémie actuelle devait se poursuivre sur un temps égal, ou plus long ? Ou si le virus qui en est responsable devait prendre des formes de plus en contagieuses, ce qu’il a d’ailleurs fait jusqu’à présent, de sorte qu’il se propage toujours plus vite, quand bien même il resterait sensible aux vaccins disponibles comme à ceux qui ne le sont pas encore ?
Le fait est qu’il a encore du champ devant lui, n’ayant en effet infecté que 190 millions de personnes dans le monde. Ce genre de questions auraient été balayées d’un revers de main au début de la pandémie, quand l’idée dominait que celle-ci serait vite passée, eu égard notamment aux moyens médicaux dont le monde dispose aujourd’hui, et que par la force des choses on ne pouvait aligner contre la grippe espagnole dans les années 1918/1921, qui plus est au sortir d’une guerre mondiale. Rares seraient aujourd’hui ceux qui tiendraient de tels propos, alors même que les campagnes de vaccination sont lancées, et que les vaccins eux-mêmes aient déjà montré leur efficacité. Depuis le début de la pandémie, il y a un et demi, on s’est trompé tant de fois à son sujet, que la circonspection est devenue la règle à peu près sur tout ce qui la concerne. On n’exclut même plus la possibilité que le virus finisse par trouver le moyen de contourner la vaccination, ce qui le cas échéant nous ramènerait à la case de départ, même si ce scénario du pire ne semble pas encore le plus probable. De là d’ailleurs l’urgence qu’il y a à accélérer et à généraliser la vaccination, moyen le plus indiqué en effet d’empêcher que le virus ne fasse peau neuve. Le sentiment est maintenant général qu’une course contre la montre est engagée contre lui qu’il est impératif de remporter. Les scientifiques, qui au départ avaient pour nombre d’entre eux tendance à sous-estimer l’impact global de la pandémie, font maintenant preuve de beaucoup de prudence sur la suite des événements. Ils n’ont de cesse désormais de prôner la prudence, a fortiori quand les politiques, en particulier dans les pays pionniers dans la lutte contre la maladie, à l’exemple de la Grande-Bretagne, sur laquelle les yeux sont rivés, considèrent que le moment est venu de passer à une nouvelle étape. C’est ainsi qu’ils sont 1 200 de différents pays à signer une pétition destinée à dissuader Boris Johnson de vouloir dès lundi prochain lever toutes les restrictions mises en place pour limiter la propagation du virus. Pour eux la mesure est dangereuse à la fois pour la Grande-Bretagne et pour le reste du monde, parce que prématurée.