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jeudi 30 novembre 2023

La marche à la guerre sous couvert de paix à édifier

Les Emirats arabes unis et le Bahreïn établissent pour l’heure des relations diplomatiques, et sans doute autres avec l’Etat d’Israël, comme l’ont fait avant eux l’Egypte, la Jordanie et la Mauritanie, mais il n’est pas interdit de penser que demain le cours des événements et ses nouveaux impératifs les forceront à les rompre. L’exemple de la Mauritanie est là pour le montrer : la normalisation avec Israël est intervenue en 1999 pour se terminer en 2009, sur initiative du pays maghrébin suite à l’offensive israélienne dans Ghaza. En dix ans de relations entre les deux pays, rien d’important n’a été bâti entre eux deux qui aurait pu rendre difficile ou dommageable leur rupture. Il n’y a rien d’irréversible dans ce genre de démarche. A plus forte raison s’agissant des deux monarchies du Golfe, qui n’ayant pas de frontières avec Israël, et n’ayant jamais été en guerre avec lui autrement qu’en paroles, à la différence de l’Egypte et de la Jordanie, peuvent à tout moment trouver de leur intérêt de couper à nouveau les ponts avec lui. La même décision mais qui serait prise par l’Egypte ou la Jordanie serait en revanche grosse de conséquences. Elle préluderait tout simplement à une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Les Emirats et le Bahreïn, mais aussi Oman ou le Qatar, pour rester dans la région du Golfe, peuvent se permettre de faire tous les allers-retours qu’ils veulent avec Israël sans que cela prête vraiment à conséquence. Ce sont comme des enfants que personne ne prend au sérieux, à la limite quoi qu’ils fassent.

Et moins encore quand ils jouent à la grande personne autonome. Si au lieu d’eux, ou en même temps qu’eux, l’Arabie saoudite avait fait le même choix, alors oui, le monde aurait compris qu’un tournant décisif était pris. Sa normalisation avec Israël serait du même poids que celle de l’Egypte et de la Jordanie, bien qu’elle non plus n’ait pas de frontières avec Israël. Après cela, il ne manquerait plus, disons-le en manière de boutade, à ce dernier que de demander à faire partie de la Ligue arabe. Le fait qu’à la suite des Emirats et du Bahreïn d’autres pays arabes (on pense en premier lieu à Oman, mais aussi à la Mauritanie et au Soudan) normalisent leurs relations avec Israël ne change rien quant au fond. D’ailleurs, le cas d’Oman semble réglé. Il sera probablement le prochain pays arabe à établir des relations avec Israël. Aucun de ces trois n’a jamais été en guerre avec Israël ni probablement ne le sera jamais. C’est pourtant pour une raison relevant de la guerre et de la paix qu’ils s’engagent dans la voie de la normalisation avec lui. C’est tout à fait net s’agissant des Emirats et du Bahreïn, pour qui l’ennemi principal n’est pas dans le présent Israël mais l’Iran. L’Arabie saoudite est dans le même sentiment. Or pour Israël aussi, l’ennemi principal, ou plus exactement dans son cas l’ennemi à abattre sans plus attendre, c’est le régime iranien. Dans la bouche des représentants des pays concernés par la normalisation, il n’est paradoxalement question que de paix à bâtir, alors qu’il est évident que leur rapprochement est en soi une préparation à la guerre.
En l’occurrence à la pire de toutes : la guerre de religion entre chiites et sunnites. Si elle devait éclater, elle serait sans rémission, comme toutes celles de son espèce. Dès à présent, le clivage sunnite-chiite est à la base du conflit syrien, de l’instabilité en Irak, de la guerre au Yémen, et du drame au Liban, qu’on voit perdre sa souveraineté. D’une certaine façon, donc, cette guerre a déjà commencé. Il importe par-dessus tout de la stopper.

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