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vendredi 29 mars 2024

La Libye un pays divisé et en paix

La particularité de la Libye, pour l’heure tout au moins, c’est qu’elle est tout à la fois divisée et en paix avec elle-même. En paix, c’est peut-être trop dire, étant donné qu’une ligne de séparation passe quand même entre deux armées relevant de deux gouvernements rivaux, lesquelles forces certes respectent l’accord de cessez-le-feu conclu entre elles en octobre 2020, jamais violé depuis, bien qu’il soit arrivé que des affrontements éclatent ici et là, et plus particulièrement à Tripoli, que se partagent plusieurs groupes armés. Pour que le mot de paix soit tout à fait à sa place dans ce cas précis, de deux choses l’une en effet : ou bien la ligne de séparation, qui se trouve à Syrte, est effacée, les deux armées ayant été poussées à se fondre l’une dans l’autre, ou bien au contraire elle est gravée dans la roche alors qu’auparavant elle était tracée dans le sable, les deux entités en question se décidant à se transformer dans le même temps mais chacune de leur côté en deux Etats indépendants l’un de l’autre. Personne ne semble envisager cette deuxième possibilité, ni en Libye, ni dans la région, ni au sein de la communauté internationale.

Car si la Libye est divisée en interne, elle ne l’est pas sur le plan externe, comme en atteste le fait que pour le monde elle est représentée non pas par deux mais par un seul gouvernement, celui dit d’union nationale que mène Abdelhamid Dbeibah, qui comme de juste est basé à Tripoli, la capitale. Il y a quelques semaines, pourtant, ce gouvernement organisait une réunion de routine de la Ligue arabe, qui s’est mal passée en raison du grand nombre d’absences, la moins visible n’étant évidemment pas celle d’Ahmed Aboul Gheit, le secrétaire général. Des membres, et non des moindres, n’ont même pas daigné envoyer des représentants. Seulement 5, dont l’Algérie, qui préside actuellement la Ligue, ont été représentés par leurs chefs de la diplomatie. En fait, sur les 22 membres de la Ligue, seulement ces 5, c’est-à-dire une minorité, reconnaissent le gouvernement Dbeibah. Les autres voient en lui un gouvernement avec un mandat dont le mandat a expiré, un usurpateur autrement dit, continuerait-il d’être reconnu par d’autres Etats à travers le monde. Cette même majorité qui dans les faits ne reconnait pas le gouvernement Dbeibah ne va toutefois pas jusqu’à reconnaître explicitement le gouvernement rival, celui de Bachagha, quant à lui basé quelque part à l’est du pays. Les autres pays eux ne savent à quel saint se vouer. Ils ne savent pas avec lequel négocier en tout cas, en vue de passer des accords avec la Libye, cette dernière étant riche de ses ressources de pétrole et de gaz. Dernièrement la présidente du Conseil italien, Georgia Meloni, n’a pas plus tôt conclu un important contrat gazier avec le gouvernement Dbeibah que celui-ci était dénoncé par le gouvernement Bachagha. Si l’Italie ne craint pas de signer des accords dans ces conditions, ayant une longue pratique de la Libye, il n’en est pas de même de beaucoup d’autres pays. Ceux-ci n’en sont pas encore à envoyer deux représentants, l’un à Tripoli, et l’autre à Tobrouk, ou à Benghazi, mais ils en sont déjà à ne pas prendre le risque de dépêcher un émissaire à Tripoli pour un motif quelconque, sans en dépêcher un autre à Tobrouk pour rester dans de bons termes avec tous les Libyens.

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