Dernier développement dans l’affaire de la perquisition par le FBI chez Donald Trump en Floride, et il est négatif. Il n’en est pas moins objet de controverse, comme d’ailleurs tout ce qui touche à cette affaire. Il s’agit du refus opposé par le ministère de la Justice à la publication du document (l’affidavit) exposant les raisons de la perquisition au domicile de l’ex-président des Etats-Unis, une première aux Etats-Unis, au motif que cette publication nuirait de façon irrémédiable à l’enquête pénale en cours. Mettant en avant le fait qu’à une enquête exceptionnelle devrait correspondre une mesure exceptionnelle, la règle étant en effet que les motifs justifiant une procédure ne soient pas révélés d’entrée de jeu, les républicains ont exigé cette publication, considérant qu’elle seule était susceptible de prouver qu’il ne s’agissait pas en l’occurrence d’une «enquête de pêche», c’est-à-dire d’une enquête engagée non pas parce que les enquêteurs étaient déjà en possession d’indices probants d’une violation par Trump de la loi sur l’espionnage, mais parce qu’ils sont à la recherche de faits pouvant conduire à sa mise en cause sur ce chef.
Comme le ministère de la Justice s’est empressé de rendre public le mandat signé par le juge de Floride, Bruce Reinhardt, qui ces jours-ci est sur les réseaux l’objet d’attaques virulentes, en même temps que l’inventaire des documents saisis à cette occasion chez Trump, son refus de publier l’affidavit est reçu par les républicains en général avec une suspicion accrue. Pour Trump lui-même, l’affaire est entendue depuis le début : cette perquisition n’est qu’une persécution visant un adversaire politique, destinée en premier lieu à l’empêcher de se représenter en 2024, quelque chose qui ne se verrait que dans le Tiers-monde. Comme ceux des ténors républicains qui se sont exprimés jusque-là ont été unanimes pour voir dans cette enquête une instrumentalisation de la Justice à des fins politiciennes, on est fondé à penser que c’est l’ensemble des républicains qui professe cette opinion. On ne peut même pas exclure que l’action judiciaire engagée contre lui par des démocrates à l’évidence eux-mêmes unanimes, loin de lui nuire politiquement, ait au contraire suscité l’union sacrée autour de lui, ramenant vers lui la frange des républicains qui sans cela aurait eu tendance à s’éloigner de lui. Il convient de bien voir dans quel climat sont les Etats-Unis depuis la nuit de lundi à mardi, lorsque Trump, qui était absent à ce moment, avait donné l’information sur la perquisition à son domicile en Floride. Un de ses partisans a aussitôt cherché à entrer de force dans les bureaux du FBI à Cincinnati en Ohio, une audace qu’il a payée de sa vie au bout d’une course-poursuite de 6 heures. Des menaces de mort ont fusé en grand nombre sur les réseaux sociaux à l’adresse des agents du FBI, qui les prennent très au sérieux. Le refus de la publication de l’affidavit est motivé entre autres par le souci de les protéger, eux mais également les témoins ayant contribué à la mise en forme du document en question, sur la base duquel le juge Bruce Reinhardt a délivré le mandat de perquisition. Ce refus n’a évidemment pas manqué d’accréditer la thèse selon laquelle ce sont les témoignages provenant de l’entourage immédiat de Trump qui ont conduit au raid du FBI sur Mar-a-Lago.