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vendredi 31 mars 2023

La harga : la montée de l’extrême droite

Si dans les pays sources des flux migratoires, en particulier dans ceux où ne règnent ni guerres ni persécutions, comme c’est le cas des pays du Maghreb, le phénomène n’a ni conséquences ni traductions politiques, il en est autrement des pays de destination, européens et nord-américains dans leur ensemble. Or un pays, où qu’il se situe sur la carte, serait-il lui-même très au sud, est toujours au nord par rapport à un autre, de sorte qu’il est un lieu de passage d’un flux migratoire naissant plus au sud hors de ses frontières. De sorte qu’à peu près tout le monde est traversé par ces courants humains irrépressibles. Le phénomène est planétaire dans ses causes, mais il n’a d’effets politiques que dans les pays de destination. Du moins pour l’heure, car on peut imaginer que dans un pays essentiellement de passage, ce même phénomène puisse devenir un jour un problème politique, donnant lieu en tant que tel à des divisions dans l’opinion nationale. On n’en est pas encore là aujourd’hui. Il faudrait pour cela que de point de départ et de passage, nos pays par exemple se transforment en autant de lieux de destination. Le renouveau de l’extrême droite en Europe et aux Etats-Unis est la réaction politique liée au phénomène en question.

Bien qu’inégale d’un Etat à l’autre, cette montée en puissance est déjà suffisamment affirmée pour changer la donne politique dans cette partie du monde. En France, en Italie, et ailleurs, la droitisation de l’opinion est d’ores et déjà quelque chose à la fois de manifeste et de déterminant. L’extrême droite d’aujourd’hui à un seul véritable ennemi : l’immigration, dans sa double espèce de légale et d’illégale d’ailleurs. Et un seul objectif : y mettre un terme. De même que celle d’hier n’en avait qu’un seul : les juifs. On sait le sort qu’elle leur a réservé là elle où elle a pu se saisir du pouvoir. Si l’extrême droite arrivait au pouvoir dans un pays comme la France, au reste un scénario à ce jour peu probable, ce ne serait pas pour la première fois dans l’histoire de ce pays, mais pour la deuxième. La première fois, elle a tué la France des origines. La deuxième fois, elle anéantirait la France invention des Britanniques au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Les dirigeants français le savent si bien qu’à choisir entre l’Etat d’exception ou laisser l’extrême droite victorieuse aux élections détruire à nouveau leur Etat, ils n’hésiteraient probablement pas, ils annuleraient les élections, quitte pour cela mettre fin à leur régime actuel. Ce qui est susceptible de sauver la France de son extrême droite, c’est en effet la leçon encore vivace du passé. Le déclin démographique des pays les plus riches donne le coup d’envoi au mouvement migratoire dans les pays pauvres, ce qui par contrecoup fait monter l’extrême droite européenne et américaine. Mais si aux Etats-Unis la poussée à droite a été contrebalancée par une poussée à gauche plus puissante qu’elle, ce qui a permis la victoire de Joe Biden sur Donald Trump à la dernière présidentielle, on ne voit encore rien de comparable en Europe. A la montée en puissance des courants fascistes, autrement dit anti-immigration, ne correspond pas dans ce continent en général une mobilisation symétrique s’affirmant à la gauche des échiquiers politiques. On appelle fascisation, ou procès de fascisation, un déséquilibre croisant entre forces de la réaction et celles du progrès en faveur des premières. Les fascistes européens d’aujourd’hui sont tous ceux qui croient que le dessein véritable des immigrés est à terme de prendre leur place, et cela par le seul mécanisme d’une natalité supérieure. Pour empêcher que se produise ce que leurs idéologues ont appelé le grand remplacement, soyons assurés qu’ils seront capables de tous les excès et de tous les crimes. Et pour cause, ils se sentent menacés à la fois dans leur identité et dans leur existence politique.

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