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dimanche 26 mars 2023

La guerre qu’Israël veut faire à l’Iran

 

Il était question hier, ici même, de la guerre qu’Israël promet à l’Iran de lui faire à l’heure choisie par lui, laquelle de toute façon serait proche. Par guerre en l’occurrence, Israël semble entendre un sorte d’acte unique, une ou plusieurs frappes sur les installations nucléaires iraniennes, qu’il se fait fort depuis le début de pouvoir détruire dès ce moment, mais rien de cette chose terrible dont on sait comment elle commence mais dont on n’ignore comment elle se termine, qu’on appelle justement la guerre. Ce n’est pas ainsi que cela se passera s’il prend l’initiative d’attaquer en premier, comme il ne s’arrête pas d’en brandir la menace. Tout porte à croire au contraire qu’il déclenchera ce faisant un processus implacable dont rien ne dit par avance qu’il en réchappera. Israël a gagné toutes les guerres qu’il a menées jusque-là, avec une rapidité et une facilité qui lui ont fait croire à son invincibilité. Il ne sait même pas encore qu’est-ce qu’une guerre qui se prolonge, et dont l’issue par cela même est incertaine. A un Etat qui a gagné toutes ses guerres manque une expérience essentielle, primordiale même, celle de la défaite. On ne sait qu’on ne forme une nation qu’une fois qu’on l’a connue et qu’on n’y a survécu. L’Iran est indéniablement une nation, l’une des plus vieilles de l’histoire.

On ignore à ce jour si Israël tel qu’il se présente aujourd’hui est une nation ou s’il est toujours une collection d’individus venus à des dates différentes spolier un peuple de sa terre, grâce notamment à la complicité des impérialismes occidentaux. Il ne le saura lui-même qu’une fois qu’il aura perdu une guerre. Mais posons-nous la question : survivra-t-il à une défaite face à l’Iran ? Peut-être que oui, s’il est une nation, dont les membres sont prêts à donner leur vie pour lui. Certainement pas, s’il n’en est pas une, en dépit de son arsenal nucléaire, l’un des plus étoffés au monde. La victoire, le succès ne disent pas ce qu’on est dans le fond, dans sa vérité, la défaite et le malheur si. Ce sont les défaites qui forgent un peuple et une nation. L’histoire comme la guerre sont des tragédies, en ce sens qu’on sait comment elles commencent, mais qu’on ne sait pas comment elles se terminent. Les défaites trempent les nations, les fabriquent même, à condition toutefois qu’elles ne les détruisent pas. Israël sait parfaitement qu’il ne pourra pas répondre par avance à cette question. C’est entre autres pour cela qu’il aspire à la guerre avec l’Iran. Il ne veut plus avoir à se la poser. Or pour ne plus se la poser, il lui faut en finir avec la menace elle-même, c’est-à-dire avec l’Iran. Mais l’Iran, pour sa part, la veut-il lui aussi cette guerre ? Oui sans doute, mais pas au même moment qu’Israël. Pour lui l’heure n’est pas encore arrivée. Pour Israël, si. C’est même pour lui le moment ou jamais. Personne n’entre en guerre pour s’éprouver, mais pour anéantir l’ennemi, qui lui-même veut vous anéantir. Pour l’Iran, ce n’est pas son existence en tant que nation qui est en jeu dans cette guerre à venir. Pour Israël, si, sauf qu’il ne le sait pas ou qu’il ne veut pas le voir. Il ne voudra pas d’une guerre qu’il ne pourra ni perdre ni gagner. Car elle pourra avoir pour lui la même conséquence qu’une défaite : la dislocation. S’il n’est pas une nation, mais seulement une puissante armée disposant de l’arme nucléaire, il ne sera même pas nécessaire de le vaincre, il suffira de l’empêcher de vaincre.

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