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samedi 10 juin 2023

La guerre mondiale dans un seul pays

A son septième jour, que peut-on dire de la guerre en Ukraine sinon qu’elle n’a pas été aussi rapide qu’on pouvait le supposer au vu du déséquilibre des forces en présence, qu’il est possible qu’après tout elle s’étende non pas sur des jours mais sur des semaines, pour autant que ce ne soit pas sur des mois. L’hypothèse d’une durée plus longue que prévu est d’autant plus vraisemblable que ce conflit n’est qu’en apparence un affrontement entre deux pays, qu’il est en réalité dès le départ une guerre mondiale, destinée à rester confinée du début à sa fin dans un seul pays. Bien que non impliquée directement dans les hostilités, l’Otan n’en est pas moins une partie prenante, à la fois par les sanctions que ses membres ont prises contre la Russie, et par les armes qu’ils continuent de déverser sur les forces ukrainiennes. Il n’est pas jusqu’à l’Allemagne qui ne soit entrée dans cette danse, tout à coup insouciante d’une règle qu’elle observe depuis maintenant des décennies, comme des conséquences que cela pourrait avoir sur sa propre sécurité. Quand à Moscou on dit qu’à nouveau des Russes peuvent être attaqués par des armes allemandes, ce n’est pas là une parole en l’air, elle a pour eux une signification précise. L’Allemagne a en tout cas intérêt à prendre la menace sous-jacente très au sérieux. Pour autant, cette guerre n’est pas la première de son genre.

La guerre en Syrie était déjà une guerre mondiale se déroulant et de façon stricte dans un seul pays. Un soin de chaque instant a été pris par les puissances impliquées dans des camps opposés pour faire en sorte que leurs forces n’en viennent pas à s’affronter directement. Une décennie durant, les Russes et les Américains, pour ne parler que d’eux, ont réussi à réprimer leur envie, sans doute très forte par moments, de ne pas se tirer dessus. En Ukraine, une telle maîtrise de soi serait impossible. Il existe une différence entre les deux cas, et elle est importante. Contrairement au précédent syrien, l’une des deux superpuissances est ici engagée dans le conflit sous son propre drapeau, en vue d’objectifs préalablement déclarés dont la réalisation ou la non-réalisation déterminera le cours et la durée de la guerre. Elle prendra toute immixtion de la part d’une troisième partie comme une déclaration de guerre. Il n’en reste pas moins que ce ne sera pas tout à fait la même guerre selon qu’elle dure un temps relativement court ou qu’elle tire indéfiniment en longueur. Les Occidentaux finiront probablement par intervenir à visage découvert si la Russie s’enlise dans le conflit. Ils n’en feront rien sinon. La raison fondamentale en est que si cette guerre se déroule en Ukraine, elle est cependant dès le départ pour la Russie une guerre contre l’Otan, ce qui n’a pas dû échapper à cette dernière. Il n’y avait pas de suite à la guerre en Syrie, il peut y en avoir une à celle qui commence. Ce qui a déterminé la Russie à envahir l’Ukraine, c’est le désir de cette dernière d’intégrer l’Otan. Pour qu’elle en retire ses forces, il suffirait que l’Ukraine lui donne la garantie qu’elle a abandonné cette intention. Evidemment, la Russie ne peut croire qu’à la garantie qu’elle s’est donnée elle-même. Cela veut dire qu’il lui faut à tout prix renverser le pouvoir pro-occidental aujourd’hui à Kiev. Elle perdrait la guerre si elle n’y parvenait pas. Ce qui est inconcevable.

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