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jeudi 18 avril 2024

La guerre dont personne ne veut

C’est aujourd’hui mercredi que d’après un rapport du renseignement américain la Russie est censée lancer son offensive sur l’Ukraine. Comme chacun a pu le constater au réveil, cela ne s’est pas produit, ni selon toute apparence ne se produira plus tard dans la journée. Au dernier décompte fait par les Américains, qui dans cette affaire se mettent régulièrement à jour, les soldats russes encerclant par trois côtés l’Ukraine seraient au nombre de 140 000, une force suffisante, disent-ils, pour s’emparer de Kiev dans les quarante-huit heures si on lui donne l’ordre de passer à l’action. Il ne serait pas impossible qu’ils soient plus nombreux en ce moment même, les Russes tenant par-dessus tout à ce qu’on leur prête des intentions belliqueuses. Tant que les Américains, et dans leur sillage les Britanniques, croient qu’ils s’apprêtent effectivement à envahir l’Ukraine, tout va bien pour eux. Cela veut dire qu’ils s’y prennent bien, qu’ils sont sur la bonne voie, que le temps n’agit pas contre eux dans la guerre psychologique qu’ils livrent à l’Otan depuis maintenant novembre dernier, et que donc le succès est au bout, au bout de fusils restés silencieux. Déjà les Ukrainiens, par la bouche de leur ambassadeur à Londres, laissent entendre que leur pays devrait abandonner l’idée de devenir un jour ou l’autre membre de l’Otan.

C’est que cela arrangerait tout le monde, Américains et Européens, si c’est l’Ukraine elle-même qui faisait savoir qu’elle ne voyait plus d’intérêt à faire partie de l’Otan. Dans ce cas-là, en effet, les apparences seraient sauves, puisque ce ne serait ni les Américains ni les Britanniques qui auraient reculé devant la perspective d’entrer en guerre avec la Russie. Beaucoup en Europe en seraient ravis, les Français et les Allemands tout les premiers, dont il saute aux yeux depuis le début qu’ils ont autant envie de se pendre que de faire la guerre à la Russie. Si guerre il y a malgré tout, ce sera probablement et dans tous les scénarios, ou presque, sans eux. Quand les Français et les Allemands parlent de solution diplomatique à la crise, c’est bien sûr à une sage décision de ce type de la part de l’Ukraine qu’ils pensent en premier. Seulement l’ambassadeur à Londres ne s’est pas plus tôt exprimé en ce sens que le voilà démenti par Kiev, et par la bouche même de Volodymyr Zelensky. L’ambassadeur aurait-il parlé en son nom propre ? Voilà qui n’est guère dans les usages diplomatiques. En fait, l’Ukraine désire toujours intégrer l’Otan, peut-être plus fortement aujourd’hui que jamais, sauf qu’elle se rend compte maintenant que cela ne se fera pas tout seul, que sûrement cela passera par une guerre en Europe, quand ce n’est pas dans le monde entier. Autant donc pour elle commencer à envisager sérieusement le fait de ne jamais devenir membre de l’Otan. Ce même mercredi où d’après le renseignement américain l’invasion russe
s’amorce, le président ukrainien en a fait le jour de l’unité nationale. On ne sait trop dans quel esprit d’ailleurs, et surtout en opposition à qui, aux Russes ou aux Américains. À moins que ce ne soit aux deux à la fois, aux premiers en manière de défi, aux seconds pour leur dire qu’ils sauraient défendre l’intégrité de leur territoire, ou plus exactement ce qu’il en reste, sans l’aide de personne s’il le faut. Les Ukrainiens en sont réduits pour l’heure à y aller de leur poche pour que tout trafic aérien ne s’arrête pas dans leur pays.

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