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mercredi 4 octobre 2023

La guerre des onze jours

La nouvelle guerre entre le Hamas et Israël a duré onze jours, alors que la précédente, celle de 2014, s’est étendue sur près de deux mois. La différence entre les deux guerres, à supposer que le mot soit exact pour désigner ce qui n’est après tout qu’une flambée de violence dans un conflit interminable, est tout aussi significative par le bilan des pertes humaines du côté palestinien, celui du côté israélien étant négligeable en comparaison comme chacun sait. Le tribut de sang versé par les habitants de Ghaza a été nettement moins lourd qu’en 2014, ce qui est une conséquence directe de la durée relativement courte des hostilités, mais sans doute aussi du fait que l’armée israélienne n’est pas entrée dans l’enclave palestinienne. Ce qu’on pouvait craindre dans ce genre de situation, les violations d’un cessez-le-feu entrant en vigueur, et avant qu’il ne s’établisse vraiment, ne s’est pas produit cette fois-ci. Mais seulement en ce sens que les armes sont bien restées silencieuses dans Ghaza, car ailleurs, à Jérusalem, d’où est partie l’étincelle ayant mis le feu aux poudres, il y avait encore de l’orage dans l’air jusqu’aux ces toutes dernières heures. Si les choses devaient dégénérer de nouveau, ce serait encore là que cela se passerait.

L’élément déclencheur de cette guerre ne s’est pas trouvé à Ghaza en effet, mais à Jérusalem-Est, où des extrémistes israéliens voulaient faire expulser de chez eux des Maqdisis depuis toujours. Cette affaire étant encore en suspens, elle peut toujours reprendre, et du même coup provoquer une autre guerre à Ghaza. Il suffirait pour cela que la justice israélienne plaide en faveur des colons nouveaux débarqués. Il semble qu’elle s’en garderait bien, encore qu’il ne faille en l’occurrence jurer de rien. Tout reste possible, d’autant que c’est de l’issue judiciaire de cette affaire que dépendra le droit des belligérants de crier ou non victoire au strict plan militaire. Les Ghazaouis ne s’étant pas dans ce cas précis battus pour eux-mêmes mais pour les Maqdisis leurs frères, pour que ceux-ci ne soient pas victimes d’une injustice, leurs sacrifices ne seront couronnés de succès que si ces derniers conservent leurs maisons. Autrement la guerre reprendra. Dans ce cas tout au moins, il y a moyen de savoir qui a emporté la partie et qui l’a perdue. Ce sont les Palestiniens, à la condition que les expulsions de Jérusalem-Est soient définitivement mises en échec. Or on peut compter sur les autorités israéliennes pour faire tirer en longueur l’affaire, d’autant que la victoire, qu’elles-mêmes proclament, tout en se gardant de la crier par-dessus les toits, comme font en revanche les Palestiniens où qu’ils se trouvent, en est étroitement tributaire. Même si pour elles la vraie victoire, celle à laquelle elles ont aspiré non sans ardeur, dont elles ont même cru par deux fois se saisir ces onze jours de guerre, c’est la liquidation de Mohammed Deif, le chef de la branche armée du Hamas, celui que les siens surnomment «le chat aux neuf vies», pour avoir tant de fois survécu aux tirs de haute précision de l’armée israélienne. Pour les chefs militaires israéliens, l’avoir manqué deux fois, peut-être de très peu, ce qui est d’autant plus rageant, c’est cela le véritable échec, celui qui les empêche de crier victoire à leur tour, bien qu’ils prétendent avoir réalisé les objectifs qu’ils s’étaient fixés en la circonstance.

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