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vendredi 29 mars 2024

La guerre à ne pas perdre

Parce qu’il est arrivé au commandement russe ces dernières heures de dire qu’il allait concentrer ses efforts sur le Donbass, en vue de parachever sa conquête, déjà fort avancée, certains en ont déduit qu’en fait la résistance ukrainienne l’a forcée à revoir à la baisse ses buts de guerre. Qu’il ne s’agissait plus pour elle de s’emparer de toute l’Ukraine, mais seulement d’une partie d’elle, celle-là même qui déjà est passée sous son contrôle. D’autres vont plus loin encore, voyant dans ce propos, à ce qu’il semble seulement de circonstance, l’aveu d’un échec consommé, quoique non encore reconnu comme tel. Mais s’il est vrai que les Russes projettent déjà de se replier sur ce qu’ils ont déjà pris, en partie tout au moins non pas à partir seulement du 2 février mais depuis une décennie, dans le but de le conserver, on peut être sûr qu’à l’opposé, les Ukrainiens envisagent dès à présent de les en déloger plus tard, dans le prolongement de leur contre-offensive actuelle, si du moins celle-ci est vraie, ce qui pour le moment n’est pas évident. A priori la Russie a envahi l’Ukraine pour de son point de vue deux bonnes raisons, qu’elle n’a cessé d’ailleurs de répéter : empêcher sa voisine de rejoindre l’Otan d’une part, assurer la protection des républiques autoproclamées du Donbass, d’autre part. A bien y regarder, ces deux motifs n’en font qu’un, le projet d’intégration à l’Otan du régime ukrainien actuel étant la cause véritable de la crise entre les deux pays.

Sans son désir de devenir membre de l’Otan, l’Ukraine aurait conservé ses frontières issues de l’ère soviétique. Or si Moscou décidait de se contenter des territoires déjà en grande partie enlevés à Kiev, ce serait comme s’il acceptait que le reste de l’Ukraine revienne à l’Otan. Au cours de ce mois de guerre, on aura remarqué que l’Otan ne se considère plus comme une alliance militaire entre pays souverains, mais comme un super Etat exerçant une véritable autorité sur ses membres. Il n’y a d’ailleurs pas lieu de s’en étonner, en état de guerre, les règles ne sont pas les mêmes qu’en temps de paix. Pratiquement l’Ukraine appartient depuis des années à l’Otan. Pour la Russie il n’existe en réalité qu’une seule façon de l’en extirper, c’est d’en prendre à nouveau le contrôle. Elle ne pourrait conserver les terres dont elle s’est déjà emparée qu’à cette condition. Elle voudrait donc limiter ses buts de guerre qu’elle ne le pourrait pas. En vérité, ce n’est pas elle l’agresseur. Ce n’est pas non plus l’Ukraine par elle-même. L’agresseur, le véritable, c’est l’Otan, dont la seule existence est une menace pour la Russie et pour le monde en entier. Maintenant qu’elle est commencée, la guerre en Ukraine, fondamentalement une guerre contre l’Otan, est condamnée à se poursuivre. Elle ne s’arrêtera que par la victoire d’un camp et la défaite de l’autre. Soit la Russie obtient la neutralité de l’Ukraine, soit elle n’y parvient pas. Il n’y a aucune possibilité pour elle de couper la poire en deux, de s’assurer du contrôle d’une partie de l’Ukraine tout en en laissant l’autre à l’Otan. Voilà pourquoi cette guerre, la Russie ne peut pas la perdre. Autrement, c’en est fini d’elle. C’en sera fini de la Chine aussi, à plus ou moins brève échéance. Et pas que d’elle d’ailleurs.

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