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mercredi 29 mars 2023

La Force Sabre à redéployer ou à rapatrier

La France a été, il y a peu, invitée  par le Burkina Faso à retirer ses quelque quatre cents membres des forces spéciales, formant la Force Sabre, déployée  sur son territoire dans le cadre d’un accord bilatéral de lutte contre les groupes djihadistes qui pullulent dans le Sahel. C’est la troisième fois en quelques mois  qu’elle est contrainte de mettre fin à  sa coopération militaire avec une ancienne colonie africaine. Une rupture qui à chaque fois s’est produite  dans un contexte de montée du sentiment anti-français,  dont elle attribue la responsabilité à la Russie, qui serait désireuse de substituer  le groupe Wagner  à sa présence. De fait, ce dernier existe tant au Mali qu’en Centrafrique, les deux pays  avec lesquels la rupture est consommée. La France dispose d’un délai d’un mois pour retirer ses forces du Burkina Faso, avec lequel toutefois les relations diplomatiques ne sont pas rompues, contrairement à ce qui s’était passé avec le Mali. Au cours de ce mois, bien des choses peuvent se produire, dont une reprise du dialogue entre les deux pays, susceptible de déboucher sur un nouvel accord de coopération militaire. La détérioration des relations a pour cause le refus de la France, ou plus exactement sa réticence, à satisfaire une demande du pouvoir burkinabé emmené par le capitaine Ibrahim Traoré de lui fournir de quoi équiper des groupes de volontaires d’auto-défense répartis sur l’ensemble du pays, venant en appui à l’armée régulière dans sa lutte contre les groupes djihadistes. Une nouvelle stratégie qui, soit dit en passant, n’est pas sans rappeler celle que l’Algérie avait mise en œuvre pendant la décennie noire.  Si la France, qui jusque-là avait fait la sourde oreille, accompagnait cette mobilisation populaire au lieu de l’ignorer, il n’est pas impossible qu’elle soit autorisée à rester dans le pays. Dans le cas contraire, elle devra trouver un autre endroit plus ou moins pratique dans le Sahel où relocaliser la Force Sabre. Ce ne sera pas chose facile, le sentiment anti-français n’étant pas une invention russe, mais quelque chose de bien réel, de surcroît un feu prompt à prendre et à se répandre. En témoigne ses manifestations antérieures dans la région, y compris dans des pays amis, comme la Côte d’Ivoire, mais aussi la difficulté pour la France de trouver un endroit où transplanter son contingent de forces spéciales présentant pour l’essentiel  les mêmes commodités que celui qu’on lui demande de quitter. Au lieu de chercher à comprendre d’où vient ce sentiment, seul moyen pour elle de pouvoir ensuite lui trouver remède, elle en impute toute la responsabilité à la Russie, qui loin de l’avoir créé ne fait au contraire que l’exploiter. Se voir traiter de persona non grata n’est agréable pour aucun Etat, a fortiori par des partenaires qui vous ont appelé à l’aide. Les Maliens et les Centrafricains ont accusé la France à la fois d’incompétence dans la lutte contre le terrorisme et de complicité avec lui. Les Burkinabé disent ne pas comprendre qu’elle donne des armes de qualité à l’Ukraine mais leur refuse à eux le strict nécessaire leur permettant de faire face aux djihadistes. Ceux-ci certes ont préexisté à la destruction de l’Etat libyen, qui ne menaçait en rien la France, mais les Africains voient bien combien leur nombre a grandi depuis. Le sentiment anti-français ne doit rien à Moscou.

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