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lundi 20 mars 2023

La dynamique à l’œuvre que la Russie entend briser

Dans ses dernières remarques sur la crise à l’est de l’Europe, faites vendredi à la Maison-Blanche, suivies de réponses à très peu de questions de journalistes, Joe Biden s’est dit être maintenant convaincu que Vladimir Poutine a pris sa décision d’envahir l’Ukraine, que la capitale Kiev était une cible, mais que malgré tout il restait de l’espace pour une solution diplomatique. Evidemment, a-t-il expliqué, si l’attaque se produit avant la rencontre prévue mardi entre Blinken et Lavrov, cela veut dire que les Russes n’ont cure de diplomatie, qu’ils ont décidé de régler le problème d’une autre façon. On peut s’étonner du fait que quelqu’un d’aussi bien renseigné que le président américain soit sûr de ce qui va se passer dans les quelques heures à venir, mais qu’en même temps il n’exclut pas qu’au bout du compte cela n’arrive pas. Avant de s’exprimer de la sorte devant les médias, Biden avait parlé à des dirigeants de pays alliés au téléphone, entre autres sans doute pour leur faire part des dernières informations en sa possession. Comme il était déjà arrivé aux Américains de préciser le jour même du début de l’attaque russe, sans que cela se vérifie le moment venu, ce qui n’avait pas manqué de leur attirer des moqueries de la part des Russes, il ne coûte rien à personne de patienter avant de les croire, d’autant que l’attente sera de courte durée.

Il faudra en revanche commencer à douter sérieusement de la fiabilité du renseignement américain dans cette affaire si passé mardi nulle invasion de l’Ukraine ne s’est encore produite. Il se peut bien toutefois que l’intérêt de ces nouvelles remarques de Joe Biden soit ailleurs, plus précisément dans une observation incidente qui semble lui avoir échappée alors qu’il répondait à une question de journaliste. Parlant du président Poutine, il dit de lui que son objectif en l’occurrence est de changer la dynamique à l’œuvre en Europe, mais que cela est hors de sa portée. Une remarque qui montre bien qu’il sait bien que ce n’est pas tant s’en prendre à l’Ukraine que veulent les Russes que maintenir en Europe un équilibre des forces en train de se modifier en leur défaveur s’ils laissent faire. L’invasion de l’Ukraine n’aura de sens que si elle renverse cette tendance. Un objectif qu’elle n’est pas à même de remplir, puisque ce n’est pas sur le territoire ukrainien que se trouvent les installations militaires dans lesquelles la Russie voit une menace pour sa sécurité. L’installation dont elle ne veut absolument pas n’existe même pas encore. C’est un système de défense antimissile qui sera opérationnel cette année en Pologne sur le site de Redzikowo. Il en existe un deuxième, en Roumanie, effectif pour sa part depuis 2016. Les deux installations font partie du bouclier antimissile de l’Otan destiné théoriquement à prémunir l’Europe contre des attaques venant soit de l’Iran, soit de plus loin encore, de la Corée du nord, mais que la Russie estime dirigées contre elle, et qui pour cela exige leur abandon. Déjà en 2009 elle avait brandi la menace d’une riposte militaire en Pologne même si ses inquiétudes n’étaient pas prises en compte, ce qui avait conduit à l’abandon du projet par l’administration Obama. La voilà confrontée plus d’une décennie plus tard au même problème, à la même dynamique d’enveloppement à l’œuvre depuis 1997, celle-là même à laquelle Joe Biden a fait allusion dans une réponse à une question de journaliste

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