Étudiants et enseignants désemparés
La rentrée universitaire effective, à l’image de la rentrée scolaire, n’a toujours pas été fixée. Les étudiants ainsi que les enseignants des différentes universités du pays sont donc dans le flou total, contraints de travailler de chez eux, privés de bibliothèque universitaire, avec un réseau Internet de mauvaise qualité voire inexistant dans certaines régions du pays et parfois sans nouvelles de leur établissement.
Thinhinene Khouchi
Depuis la fermeture des établissements universitaires dans le cadre de la prévention de l’épidémie de Covid-19, certains ont réagi très rapidement à cette situation exceptionnelle en mettant en place plusieurs moyens pour continuer à dispenser les cours, notamment à travers les réseaux sociaux, visioconférences et plateformes spécialisées. Malheureusement, ces établissements sont à compter sur les doigts d’une main, on citera donc l’Université des sciences et de la technologie et l’École normale supérieure de Bouzaréah et autres. En effet, si certains établissements se sont adaptés rapidement, d’autres n’ont donné aucune nouvelle à leurs étudiants ou très peu, ce qui a plongé ces derniers dans le flou total. C’est le cas d’une étudiante en licence, spécialité sciences de gestion, qui assure que le site dédié à la poursuite des cours n’a pas été alimenté depuis des mois. «Je ne sais pas ce qu’on va devenir ? Le site qu’ils ont mis à notre disposition pour suivre et recevoir des cours n’a même pas été alimenté. Certains de nos professeurs nous contactent de temps en temps pour nous demander des exposés à leur envoyer, d’autres n’ont donné aucune nouvelle. Comment vont-ils calculer la note de leur module ? Et ceux à qui nous avons envoyé nos travaux ne nous ont même pas confirmé la réception du
travail ! Et connaissant la qualité de notre réseau Internet, on reste dans l’incertitude totale», nous dira notre interlocutrice. Et d’ajouter : «On espère qu’ils ne vont pas nous saboter !». De leur côté, les enseignants ont exprimé également leur désarroi. «Il n’y a pas que les étudiants qui souffrent de cette crise. Nous n’arrivoons pas a travailler de chez nous, privés de bibliothèque universitaire, réseau Internet de mauvaise qualité ou voire inexistant dans certaines régions du pays», nous dira une enseignante des techniques de la recherche scientifique à l’Université des sciences de la communication et de l’information d’Alger. En outre, selon une enseignante de littérature française à l’Ecole normale supérieure de Bouzaréah, «depuis la fermeture des établissements d’enseignement supérieur, notre école a mis en place une plateforme numérique pour permettre aux étudiants de suivre les cours. Maintenant, vu que la rentrée universitaire n’a pas encore été fixée, nous avons demandé aux étudiants de passer leurs examens par Internet et de nous les envoyés». «Le problème est qu’en classe j’ai 220 étudiants mais je me suis retrouvée avec plus de 600 messages sur ma boite mail, mon Messenger et sur la plateforme de l’école ! C’est un vrai calvaire de tous les trier et de savoir à qui appartient tel ou tel travail, notamment quand ils n’indiquent pas leur nom», déplorera cette enseignante. Enfin, il est à rappeler, concernant la rentrée universitaire, que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, a affirmé avant-hier (14 septembre) qu’«aucune date n’a été retenue». En effet, invité de la Chaîne 1 de la Radio nationale, le ministre a précisé que la date du 19 septembre, annoncée préalablement, n’a pas été fixée et que des propositions ont été soumises par son département au Premier ministre. Par ailleurs, Abdelbaki Benziane a fait savoir que cette rentrée universitaire sera marquée par de nouvelles dispositions en faveur des étudiants. Il a annoncé, à ce propos, le rallongement de la liste des choix des spécialités de 6 à 10 pour les nouveaux bacheliers et l’introduction de nouvelles.
T. K.
