Il y a quelques jours, le président américain Joe Biden a demandé à son homologue chinois d’user de son influence sur Vladimir Poutine pour faire faire à celui-ci un geste de désescalade dans la tension avec l’Ukraine, comme par exemple de retirer ses forces massées à la frontière de ce pays, dont le volume pouvait en effet faire craindre une invasion. La réponse de Xi Jinping a tardé quelque peu, mais pas de beaucoup finalement, ayant été donnée à quelques heures de l’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin, cérémonie boycottée par les Etats-Unis et leurs meilleurs alliés occidentaux, et en des termes qui n’étaient pas pour étonner, quoique à l’opposé de ce qu’aurait aimé le président américain. Ce qui n’était un secret pour personne, à savoir qu’il existait entre la Chine et la Russie une alliance stratégique face aux menaces occidentales sur leur sécurité, s’est manifesté au grand jour à cette occasion. Non seulement la Chine apporte son soutien à la Russie dans l’actuelle épreuve de force avec l’Otan, qui entend poursuivre son expansion à l’est de l’Europe, mais elle tient à faire savoir qu’il n’y a pas de limites à la coopération entre leurs deux pays. Du même coup, ce qui était implicite devient explicite : la Chine se rangerait du côté de la Russie si la crise actuelle se développait en conflit armé.
A ce que l’on sache, ces deux pays n’ont pas signé un accord de défense commune, de même nature que celui qui lie les 30 membres de l’Otan, mais la déclaration commune publiée à l’issue de la réunion de leurs dirigeants entourés de leurs collaborateurs y supplée largement. Entre la Chine et la Russie, les liens sont anciens, remontant à la naissance de la Chine populaire, solides, pendant longtemps idéologiques, même si c’est à ce titre qu’il leur était arrivé aussi de se distendre ; qui plus est, ils sont allés se raffermissant depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en Chine. Mais quand ils ne seraient pas ancrés dans l’histoire, ils s’imposeraient d’eux-mêmes au regard du parallélisme des situations des deux pays relativement à la menace que fait peser sur leur sécurité la présence militaire américaine dans leur environnement immédiat. Ce que font les Etats-Unis à l’est de l’Europe, dans leur politique visant à contenir la Russie, en attendant qu’elle s’écroule de l’intérieur, ils le font en Asie, dans les parages de la Chine, dont ils veulent à la fois réduire l’espace vital et empêcher la réunification. Si l’Otan et les problèmes de sécurité en Europe lui permettent d’avancer ses pions dans cette partie du monde, l’ennemi à tenir en respect étant ici la Russie, l’alliance Aukus, qu’ils ont mis récemment sur pied, avec pour partenaires l’Australie et le Royaume-Uni, et pour champ d’action la zone indopacifique, poursuit un but équivalent, mais cette fois-ci vis-à-vis de la Chine, qui menace son hégémonie mondiale, au double plan politique et économique. Il ne leur a d’ailleurs pas suffi d’exclure de cette nouvelle alliance militaire leurs alliés européens, la Grande-Bretagne exceptée, il a fallu encore qu’ils ressentent le besoin de piétiner la France, en la dépossédant sans autre forme de procès du contrat de livraisons de sous-marins qu’elle avait conclu avec l’Australie. On se demande à quelle logique répond cette façon de procéder, sinon au besoin de lui signifier qu’elle n’avait pas sa place dans la région indopacifique.