Affirmant le maintien de la fermeture des frontières pour éviter la propagation du nouveau variant, le Dr Fourar a détaillé, hier, le plan de l’opération de vaccination ainsi que les arguments du choix du vaccin anti-Covid-19, sans omettre le volet formation des responsables de la campagne de vaccination prévue pour la fin du mois en cours.
Par Louisa Ait Ramdane
Le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus a tenu à rappeler que le relâchement de la population avait entraîné, en juillet dernier, un pic de 17 000 cas de contamination lors de la 1re vague et de 25 000 cas lors de la seconde, en novembre écoulé. D’où, martèle-t-il, la nécessité de «demeurer prudents» avant d’envisager toute réouverture des frontières. «Si nous ouvrons les frontières, nous risquerons de recevoir le nouveau variant de Covid-19», a-t-il mis en garde, avant de préconiser de «s’habituer à vivre avec le virus, en s’en tenant au strict respect des mesures de précaution».
L’entame de la campagne de vaccination anti-Covid en Algérie n’est qu’une question de jours. Elle débutera avant la fin du mois en cours, dès réception du premier lot du vaccin russe Sputnik V, indique le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de csoronavirus. L’Algérie réceptionnera le 1er lot du vaccin russe Spoutnik V (500 000 doses), lequel sera administré obligatoirement en 2 doses pour la même personne avec un intervalle de 21 jours, a-t-il précisé.
Autrement, ce vaccin sera sans effet étant donné que chaque dose ne procure que
50 % d’immunité contre le virus, a-t-il clarifié, faisant savoir que le personnel de la santé sera la première catégorie de la population à en bénéficier, suivie des différents corps de sécurité, des citoyens âgés de 65 ans et plus puis des malades chroniques. S’en suivra, enfin, toute la population de 18 ans et plus, les essais cliniques entrepris dans le monde n’ayant pas concerné, à ce jour, celle en-dessous de cette tranche d’âge ainsi que les femmes enceintes, a-t-il argumenté.
Invité de la Chaîne 2 de la Radio nationale, Dr Fourar a d’autre part recommandé «un taux minimum de 60 à 70 % de couverture vaccinale pour réussir à stopper la circulation du virus». Et de rappeler qu’en sus des vaccins importés, l’Algérie bénéficiera du dispositif Covax de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), incluant 190 pays et garantissant à ces derniers de faire vacciner, à proportions équitables, 20 % de leurs populations respectives. «L’Algérie a opté pour des vaccins sûrs, avec une bonne innocuité et le moins d’effets secondaires, mais il faut aussi savoir que la campagne de vaccination durera un an ou plus. De ce fait, aucun pays ne peut mener sa campagne de vaccination avec un seul vaccin. En ce qui nous concerne, à chaque fois qu’il y a arrivage du vaccin, nous poursuivrons la campagne», a-t-il souligné à ce sujet.
Vaccins sans manipulation génétique
Afin de réussir cette campagne, la stratégie nationale de vaccination prévoit, entre autres, la formation des encadreurs de la campagne de vaccination qui débutera cette semaine, sachant que ces formateurs seront appelés à former, à leur tour, d’autres personnes au niveau local, a précisé Dr Fourar.
Détaillant le Plan de vaccination qu’il qualifie de «flexible et modulable», l’hôte de la radio a assuré que «tout le monde est prêt» pour mener à bien la campagne y afférente, d’autant plus que les vaccins choisis par l’Algérie sont «traditionnels, avec le même fonctionnement que ceux auxquels elle s’est habituée car n’ayant pas subi de manipulation génétique».
En plus de la chaîne de froid «disponible», la logistique liée à la campagne de vaccination s’appuiera sur les 8 000 centres habituels à une telle opération, a rappelé Dr Fourar, faisant savoir que «d’autres pourront être mobilisés au niveau des hôpitaux, si nécessaire». De même que des équipes mobiles se déplaceront vers les zones d’ombre et enclavées du pays afin de faire bénéficier l’ensemble de la population du vaccin, a-t-il poursuivi, précisant que «toute personne vaccinée se dotera d’un carnet de vaccination, qui pourrait, à l’avenir, être exigé par certains pays lors de déplacements à l’étranger». Tout en rappelant que la vaccination «demeure la seule solution contre ce virus», le spécialiste a insisté sur le maintien du respect des mesures préventives que sont le port du masque, le lavage régulier des mains ainsi que la distanciation sociale, se félicitant de l’impact positif du confinement partiel, à nouveau reconduit dans nombre de wilayas du pays.
SNPSP : «La réussite de la campagne de vaccination dépendra de l’organisation»
Pour sa part, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a estimé que la réussite de cette campagne dépendra d’une bonne organisation logistique, et ce, en associant tout les partenaires et les professionnels de la santé. Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio algérienne, il a jugé le choix des autorités de mobiliser les structures de santé, notamment les polycliniques par rapport à la disponibilité de certaines commodités et de certains moyens, d’un peu exagéré pour cette opération, qui reste, selon lui, un simple acte vaccinal. «Ces dispositions pourraient entraver la bonne marche de l’opération de vaccination», a-t-il ajouté. Du fait de l’envergure de l’opération et le nombre très élevé des personnes concernées par la vaccination dans un premier temps, je pense, a-t-il dit, qu’il faut utiliser les salles de sport et les grands espaces publics, comme l’a fait l’Angleterre.
L. A. R.