La courbe des contaminations au Covid-19 poursuit son ascension. Le nombre de cas positifs reste au-dessus des 1 100 cas depuis jeudi, pour la première fois depuis le mois de novembre 2020, quand le pays était confronté à la deuxième vague du Covid-19. Les chiffres annoncés par le Comité scientifique montrent clairement que le pays fait face actuellement à une 3e vague de contaminations.
Par Louisa Ait Ramdane
La situation épidémiologique est en train de se dégrader, avec une hausse inquiétante des cas de contamination par le coronavirus et surtout l’apparition des variants dont le «Delta» considéré comme étant le plus dangereux et très contagieux. Cette flambée des contaminations survient à moins d’une semaine de l’Aïd-el-Adha qui sera célébré ce mardi, une période propice aux rassemblements familiaux. Le ministère de la Santé rappelle, à l’occasion, que la situation épidémiologique actuelle exige de tout citoyen vigilance et respect des règles d’hygiène et de distanciation physique, tout en insistant sur le respect du confinement et du port du masque. Le Pr Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique en charge du suivi de la pandémie, sans évoquer la perspective d’un retour au confinement, exhorte les Algériens à limiter les visites familiales propices à la contamination et à observer rigoureusement les mesures barrières, notamment lors du rituel de l’égorgement de l’agneau sacrificiel. Selon le spécialiste, les autorités feront appel à tous les moyens pour convaincre les citoyens de la nécessité de se faire vacciner, car le vaccin fait partie du dispositif de prévention, à côté des mesures barrières, explique-t-il à l’occasion du lancement de la campagne vaccinale en milieu étudiant.
En plus de la sensibilisation à la vaccination, Djamel Fourar évoque la possibilité d’adoption du pass sanitaire. «On arrivera à une période où l’entrée dans les lieux publics sera interdite aux personnes non vaccinées», a-t-il affirmé. Les Algériens sont donc appelés à faire le geste nécessaire pour briser la chaîne de contamination du virus, d’autant que la disponibilité du vaccin ne pose plus problème.
Les hôpitaux saturés
Avec la hausse fulgurante des cas de contamination, la pression sur les hôpitaux augmente, notamment dans les grandes villes. Aussi bien les lits d’hospitalisation que ceux de réanimation des hôpitaux sont saturés et le corps médical, aux premières lignes de la lutte contre la pandémie, est dépassé et épuisé. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), Dr Lyes Merabet, a indiqué qu’actuellement les hôpitaux qui prennent en même temps d’autres pathologies reçoivent des malades atteints du Covid, mettant en garde contre le fait de «favoriser indirectement la contamination entre les différents services». Il a préconisé ainsi de «réorganiser un circuit indépendant de prise en charge des patients atteints du Covid-19 de façon à les séparer des autres pathologies». Le Professeur a relevé également un manque de moyens de protection (masques, surblouses…) durant les périodes de pression. Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, il a insisté sur la charge de travail imposée au corps médical. «En plus d’être mobilisés pour la prise en charge de la pandémie, les professionnels de santé sont également sur un autre front : celui de réussir le défi de la vaccination». Selon lui, «la pression augmente également à ce niveau-là, car de plus en plus de citoyens sont convaincus par cet acte responsable, civique et patriotique».
Neuf médecins décédés du Covid-19 en une semaine
Le corps médical est durement frappé par le virus du Covid-19. Rien que pour les deux premières semaines du mois de juillet, quinze décès ont été enregistrés parmi le personnel de santé, dont 9 durant la dernière semaine, particulièrement dans les rangs du corps médical, alerte le Dr Lyes Merabet.
Jusque-là, le total s’élève à 340 professionnels de santé, dont 200 médecins, décédés du Covid-19, sur près de 20 000 contaminations depuis le début de la pandémie, a-t-il affirmé. Le président du Snpsp a rappelé que «les professionnels de santé sont mobilisés depuis février 2020, et que ça continue de manière récurrente à travers plusieurs vagues, une première puis une deuxième et maintenant une troisième vague qui est en train de faire des ravages, malheureusement avec beaucoup de pression sur les structures de santé» et que, par conséquent, «cette pression s’exerce directement sur les professionnels du secteur». Le Dr Merabet a affiché son inquiétude face à la liste des professionnels de santé qui succombent au virus, qui reste ouverte malheureusement, «et chaque jour s’y ajoutent de nouvelles victimes». Selon lui, pour préserver les professionnels de santé, il faut avant tout respecter les mesures barrières. «Il faut agir en amont. Le strict respect des protocoles sanitaires et des mesures barrières permettraient de casser la chaîne de transmission et, par conséquent, de réduire le nombre de cas et la charge virale au niveau des structures de santé, et ainsi limiter l’exposition des personnels de santé au virus», a-t-il dit.
La vaccination au ralenti
Les autorités misent sur la vaccination pour contenir la vague de contaminations. Lancée en janvier dernier, la campagne de vaccination en Algérie est loin d’atteindre les objectifs fixés par les autorités. Le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, Dr Fawzi Derrar, a estimé que la vaccination a atteint un taux faible de
10 % seulement, ce qui ne permet pas de briser la chaîne de contamination et de faire face aux autres vagues.
Appelant les citoyens à l’impératif de se faire vacciner, d’autant que les vaccins sont disponibles actuellement, le même responsable dira que la vaccination constitue le seule moyen de prévention contre la propagation du variant «Delta», actuellement le plus répandu et le plus dangereux dans le monde. Une seule personne atteinte du variant peut contaminer 8 autres, contrairement aux autres variants, fera-t-il savoir. Cependant, un engouement en faveur de la vaccination commence à se faire ressentir ces derniers jours avec la hausse des cas de contamination. Les Algériens commencent à prendre conscience de la nécessité de se faire vacciner.
Concernant la disponibilité du vaccin, le ministère de la Santé réceptionnera prochainement près de trois millions de doses de vaccins anti-Covid-19 par mois, fera savoir le porte-parole du Comité de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus, Djamel Fourar, dans une déclaration à l’APS, en marge du lancement d’une campagne de vaccination contre le coronavirus au profit des étudiants de la Faculté de médecine d’Alger. Le ministre de la Santé, Abderahmane Benbouzid, avait auparavant annoncé la réception de 4 millions de doses de vaccins courant juillet, dont 1 600 000 doses réceptionnées dimanche dernier et le reste 2 400 000 doses devaient arriver hier.
L. A. R.