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jeudi 18 avril 2024

Kurdes

La haine et le désir assumé du président turc Recep Tayyip Erdoğan de détruire la communauté kurde ne suscite que peu d’indignation chez les Occidentaux, qui bien que certains, comme les français, soutiennent les combattants kurdes face à l’État islamique au Moyen-Orient, ont du mal a clairement défendre cette population maltraité dans tous les pays dans lesquelles elle se trouve. Toutefois, une fois n’est pas coutume, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a ouvertement invité Ankara à distinguer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par la Turquie comme par l’Union Européenne, de la communauté kurde, a indiqué le ministère. Catherine Colonna s’est entretenue au téléphone jeudi avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, une semaine après le meurtre à Paris de trois Kurdes attribué à un sexagénaire revendiquant un acte raciste. Ankara avait convoqué l’ambassadeur de France en Turquie. Selon le communiqué du Quai d’Orsay, Catherine Colonna a « rappelé que le PKK, inscrit sur la liste européenne des organisations terroristes, devait être distingué d’autres mouvements kurdes non-violents », soulignant aussi « l’attachement de la France à la liberté de la presse et à la liberté d’expression ». La ministre a par ailleurs « souligné le caractère odieux » de l’attaque du 23 décembre. Elle a assuré son homologue « que des mesures supplémentaires avaient été prises pour assurer la sécurité des lieux où se réunit la communauté kurde » et que « la protection des emprises diplomatiques turques sur l’ensemble du territoire national avait été rehaussée ». Aucun détail n’a pour autant été communiqué sur ces mesures, annoncées auparavant par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Lors de cet entretien bilatéral, Mevlüt Cavusoglu a dénoncé « la propagande noire » lancée par les milieux liés au PKK et à d’autres organisations kurdes turques, a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Ankara. Il s’est aussi insurgé contre « l’apparition de politiciens français devant les photos de terroristes et des torchons de l’organisation terroriste » (le PKK,), estimant que « ces activités de propagande ne devaient pas être autorisées ». Les relations bilatérales entre Paris et Ankara sont tendues sur de multiples dossiers, notamment le rôle de la Turquie au sein de l’Otan, la Syrie, la Méditerranée orientale et les migrants. Mais alors que Paris a combattu l’État islamique il y cinq ans aux côtés des Kurdes, il semble aujourd’hui difficile de les défendre et l’appel de la ministre des Affaires Étrangères ne semble pas à la hauteur de l’importance de ce dossier alors que cette communauté continue à être traquée et harcelée par le pouvoir turc. Reste à voir si Emmanuel Macron se mêlera du dossier, si Ankara continu à tourmenter une population qui a déjà tant souffert ou si Erdogan a réussi à imposer à ses alliés que le sort de la communauté kurde était entièrement entre ses mains.

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