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mardi 16 avril 2024

Karabakh: Des dizaines de morts dans les combats, la Turquie met en garde l’Arménie

Des combats toujours plus meurtriers ont fait rage lundi entre l’Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh, tandis qu’un discours incisif du Président turc en soutienà Bakou a nourri les craintes d’une escalade dans le Caucase.

Par Rosa C.


Depuis dimanche, les forces de l’enclave séparatiste, soutenue politiquement, militairement et économiquement par l’Arménie, et celles de l’Azerbaïdjan s’affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016.
Lundi soir, les autorités du Nagorny Kaarabak ont annoncé que 26 séparatistes arméniens de plus avaient été tués lors d’affrontements avec les forces azerbaïdjanaises.
Plus tôt, le porte-parole du ministère arménien de la Défense, Artsroun Hovhannisyan, a fait état d’une offensive «massive» des forces azerbaïdjanaises sur les flancs sud et nord-est de la ligne de front.
Le bilan, incomplet, s’établissait donc lundi soir à 95 morts, dont onze civils : neuf en Azerbaijan et deux côté arménien. Le bilan réel pourrait être bien plus lourd, les deux camps affirmant chacun avoir tué des centaines de militaires ennemis.
L’Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle du Nagorny Karabakh, province montagneuse peuplée majoritairement d’Arméniens, chrétiens, dont la sécession en 1991 n’a pas été reconnue par la communauté internationale.
Une guerre ouverte entre Erevan et Bakou risquerait de déstabiliser le Caucase du Sud, en particulier si la Turquie et la Russie, puissances régionales, intervenaient.
Or le Président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi l’Arménie à mettre fin à ce qu’il a qualifié d’«occupation du Nagorny Karabakh».
«La Turquie continuera à se tenir aux côtés du pays frère et ami qu’est l’Azerbaïdjan, de tout notre cœur et par tous les moyens», a-t-il dit, encourageant Bakou à «prendre les choses en main».
Les autres puissances – Russie, États-Unis, France, Iran, UE, ONU – ont appelé à une cessation immédiate des hostilités. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir d’urgence cette semaine, à huis clos, pour évoquer la situation, selon des diplomates interrogés par l’AFP.
Selon des diplomates, une déclaration pourrait être publiée à l’issue de la réunion, soit par le Conseil de sécurité, soit par les membres européens de l’instance si un consensus n’est pas trouvé avec les autres partenaires.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé que la priorité était de «mettre fin aux hostilités, pas à déterminer qui a raison et qui a tort».
L’Arménie et le Nagorny Karabakh dénoncent de leur côté une «ingérence» turque, accusant Ankara de fournir armes, «spécialistes militaires», pilotes de drones et avions à Bakou. Erevan a aussi affirmé qu’Ankara avait déployé des milliers de «mercenaires» transférés de Syrie.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a estimé de son côté que la Turquie avait transféré du territoire syrien plus de 300 combattants vers le Nagorny Karabakh.
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a rejeté ces accusations, affirmant à l’inverse que «des mercenaires ethniquement arméniens» du Moyen-Orient combattaient côté séparatiste.
«Aucune ingérence n’est acceptable dans ce conflit dont l’escalade est très préoccupante», a déclaré, pour sa part, un porte-parole de la diplomatie européenne.
L’ambassadeur arménien en Russie, Vardan Toganyan, a dit à l’agence russe Ria Novosti que son pays n’hésiterait pas à utiliser des missiles balistiques Iskander fournis par Moscou si Ankara venait à mobiliser dans ce conflit les F-16 turcs.
Sur le terrain, la situation était floue lundi, les autorités du Nagorny Karabakh disant avoir regagné des positions perdues la veille, quand l’Azerbaïdjan affirmait avoir encore progressé, utilisant «roquettes, artillerie et aviation».
Ce pays du Caucase a dépensé sans compter en armement ces dernières années grâce à sa manne pétrolière.
Après des semaines de rhétorique guerrière, l’Azerbaïdjan a affirmé avoir déclenché dimanche une «contre-offensive» à la suite d’une «agression» arménienne.

R. C.

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