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vendredi 24 mars 2023

Kaïs Saïed le refondateur plus que jamais aux prises avec Ennahdha

Le 25 juillet 2021, le président tunisien, Kaïs Saïed, suspendait le Parlement, dominé par des islamistes pourtant minoritaires, et renvoyait le gouvernement de l’époque, dans un coup de force dont peu auraient pensé qu’il fût possible. Il prendra tout son temps, en homme peu pressé qu’il semble être par nature, à moins qu’il ne faille dire en homme circonspect qu’il est, avant de nommer un nouveau Premier ministre, en l’occurrence une Première ministre, et de donner au pays un nouveau gouvernement. Ce n’est qu’au bout de huit mois qu’il se décidera après cela à dissoudre le Parlement, quelques semaines après avoir dissous le Conseil supérieur de la magistrature, la dernière position forte d’Ennahdha dans les rouages de l’Etat. On sait qu’il a fixé au 25 juillet prochain l’organisation du référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution, en remplacement de celle suspendue le même jour de l’année dernière, et à la mi-décembre la tenue des législatives pour clore du même coup la phase à la fois de transition nationale.

Il est bien évident que s’il échoue dans son entreprise, consistant en rien moins qu’en la refondation de la République tunisienne, c’est tout autrement qu’en refondateur qu’il sera traité par la postérité. A trois mois d’une échéance majeure pour la Tunisie, et d’une étape cruciale pour lui en tant que président, à savoir le référendum constitutionnel, on peut dire sans grand risque d’erreur que cela s’annonce plutôt bien pour lui. Pour lui, dès ce moment le plus difficile sera fait. Les législatives ne devraient pas poser de problème passé cet écueil, bien qu’elles ne doivent se tenir que des mois plus tard. Reste une question en suspens, dont on voit mal comment elle pourrait le rester indéfiniment sans que cela compromette l’œuvre de refondation politique dans son ensemble. Cette question s’appelle Ennahdha. Si Saïed n’avait pas changé le cours des événements le 25 juillet, il aurait été renversé, la Constitution de 2014 faisant de l’Assemblée (l’ARP) le véritable centre du pouvoir, qui alors se trouvait être dominé par Ennahdha, laquelle justement ne voulait pas de lui comme président, coupable qu’il était à ses yeux de ne pas être issu de ses rangs. De sorte qu’on peut dire que toutes les mesures prises par lui ont été purement défensives, nécessaires par conséquent. Ou bien il les prenait, ou bien il tombait sous les coups de boutoir d’Ennahdha. Or qui peut le plus peut le moins. Si de surcroît, ce moins est en réalité incontournable, alors il faut changer la formule et dire qui peut le plus, doit le moins. Il y a deux manières de résoudre cette question. A la manière du 25 juillet, c’est-à-dire par la dissolution, ou sinon par des élections, c’est-à-dire en faisant subir à Ennahda une défaite sans appel aux législatives de fin d’année, elle qui après tout est déjà minoritaire. La meilleure solution serait la deuxième, mais il faudrait être certain que d’ici là elle ne puisse reprendre du poil de la bête, dans un contexte économique qui s’y prête assez, et dont il faut s’attendre à ce qu’il aille de mal en pis au regard notamment de ce qui se passe sur la scène internationale. Toujours est-il qu’une coexistence pacifique entre le président et Ennahdha pendant ce qui reste de la phase de transition semble une hypothèse peu probable. Par simple instinct de conservation, Ennahdha fera tout ce qu’elle pourra pour faire capoter la transition, c’est-à-dire faire tomber le président de la République.

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