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jeudi 18 avril 2024

Kaboul: Le bilan de l’attentat à l’aéroport grimpe à 85 morts et plus de 160 blessés

Le bilan de la double attaque suicide perpétrée par le groupe jihadiste État islamique (EI) à l’aéroport de Kaboul est monté hier à 85 morts, dont treize soldats américains, dans une atmosphère tendue à quelques jours de la fin prévue des évacuations des étrangers et afghans qui cherchent à fuir le nouveau régime taliban.

Par Mourad M.

L’attentat, mené jeudi à la tombée du jour, a semé le chaos et la désolation parmi les milliers d’Afghans massés sur place dans l’espoir de monter dans un des avions affrétés par les Occidentaux.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de victimes, mortes ou blessées, étendues dans les eaux saumâtres d’un canal d’égout, entourées de secouristes débordés et démunis. Hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s’éloigner du lieu des explosions.
«Il y a beaucoup de femmes et d’enfants parmi les victimes. la plupart des gens sont choqués, traumatisés», a déclaré, hier à l’AFP, un responsable de l’ancien gouvernement renversé à la mi- août par les talibans, en annonçant à l’AFP le nouveau bilan d’au moins 72 morts et 150 blessés à partir des informations recueillies dans les hôpitaux locaux. Le précédent bilan, donné jeudi soir par le régime taliban, faisait état de 13 à 20 morts et de 52 blessés.
La situation semblait calme hier matin à Kaboul, notamment autour de l’aéroport où les talibans avaient renforcé leurs barrages et où la foule semblait avoir disparu par endroits.
La double explosion a également tué au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone, ce qui en fait l’attaque la plus meurtrière contre l’armée américaine en Afghanistan depuis 2011.
Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et visiblement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de «pourchasser et de faire payer les auteurs de l’attaque». «L’Amérique ne se laissera pas intimider», a-t-il lancé d’un ton martial.
Ce premier attentat meurtrier depuis le retour au pouvoir des talibans le 15 août intervient à quelques jours du départ du pays des troupes américaines, prévu le 31 août, après vingt ans de guerre infructueuse contre les islamistes.
Les larmes aux yeux, M. Biden a rendu hommage aux soldats tués, «des héros (…) engagés dans une mission dangereuse et altruiste pour sauver d’autres vies» et a fait savoir que les États-Unis allaient «poursuivre l’évacuation».
Selon Washington, qui s’attend à ce que les attaques de l’EI «continuent», cet attentat a été mené par deux kamikazes du groupe jihadiste, suivi d’une fusillade.
Sous le nom d’EI-K (État islamique Province du Khorasan), l’EI a revendiqué certaines des attaques les plus sanglantes commises ces dernières années en Afghanistan, faisant des centaines de morts, en particulier parmi les musulmans chiites.
Même s’il s’agit de deux groupes sunnites radicaux, l’EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.
Les Occidentaux ont condamné l’attentat, soulignant qu’il ne devait pas empêcher la poursuite des évacuations massives, qui ont à ce jour permis de faire partir 100 100 personnes, selon les dernières données publiées jeudi soir par la Maison-Blanche.
Le nouveau régime taliban, via son porte-parole Zabihullah Mujahid, a «fermement condamné ces attentats à la bombe», tout en soulignant qu’ils étaient survenus dans une zone placée sous la responsabilité de l’armée américaine. Depuis la reprise soudaine de Kaboul et du pouvoir par les talibans, le vaste aéroport de Kaboul est le dernier endroit du pays où sont rassemblées les forces occidentales, menées par l’armée américaine.
L’Otan et l’Union européenne ont appelé à poursuivre les évacuations depuis Kaboul malgré tout. L’Espagne a annoncé hier matin avoir terminé ses vols d’évacuation, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l’Australie avant elle. Celles des Britanniques s’achèveront «dans quelques heures», a précisé Londres hier matin.
Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan, David Martinon, qui se trouvait jusqu’alors à l’aéroport de Kaboul.
Selon des sources militaires, l’une des explosions s’est produite à proximité d’Abbey Gate, l’un des trois points d’accès à l’aéroport.
 M. M.

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